En l'espace de quelques heures seulement, des dizaines de blessés sont arrivés à l'hôpital et, le dimanche soir, nous avons reçu au moins 150 patients nécessitant des soins médicaux urgents. Beaucoup de ces blessés étaient des enfants et des personnes âgées, présentant de multiples blessures, notamment des traumatismes abdominaux et des fractures. Six personnes étaient déjà mortes à leur arrivée et trois autres ont succombé à leurs blessures plus tard.
L’équipe médicale a fourni un immense travail pour parvenir à prendre en charge un tel nombre de patients. Auparavant, cet hôpital n’était pas en capacité d’offrir une prise en charge de chirurgie de guerre et bon nombre de membres du personnel de santé n’avaient aucune expérience en gestion des afflux massifs de blessés.
Avant le début du conflit, le 15 avril, cet hôpital comptait deux services principaux, la pédiatrie et la maternité, ainsi qu'un petit centre de dialyse. Lorsque le conflit a commencé et que beaucoup d'hôpitaux ont été contraints de fermer leurs portes, il fût l’un des rares à rester ouvert. L'équipe du ministère de la Santé qui était présente a décidé de répondre aux besoins des habitants de Khartoum. Elle a notamment participé au transfert des patients d’un hôpital proche des lignes de front, atteints de maladies chroniques, afin qu’ils puissent continuer à recevoir des soins à l’hôpital Al-Turki. Elle a aussi commencé à se servir du bloc opératoire – qui servait jusque-là essentiellement à pratiquer des césariennes – pour réaliser des interventions sur les blessés de guerre.
Selon le ministère de la Santé, la moitié des structures de santé de Khartoum sont complètement fermées. L’hôpital Al-Turki est l'un des cinq hôpitaux de toute la ville à être encore pleinement fonctionnel et MSF a commencé à lui apporter son soutien à partir de la mi-mai. Nous avons pu accompagner les équipes du ministère de la Santé dans la transformation de la structure, afin qu’elle puisse répondre aux événements dramatiques qui se déroulent à Khartoum. Pourtant, il nous manque beaucoup de matériel et les réserves s’épuisent.
Il est dangereux pour le personnel de se rendre au travail en raison de l'intensité des combats à Khartoum. Nous continuons d'essayer de faire venir des professionnels de santé expérimentés au Soudan, pour qu’ils puissent soutenir les équipes en place. Les visas mettent des semaines à être approuvés. L'acheminement de fournitures médicales et chirurgicales dans le pays continue d'être un défi, où nous sommes à la merci des vols. Nos entrepôts ont été souvent pillés.