Plus de 22 millions d’enfants dans le monde n’ont pas reçu une vaccination de base complète en 2012 et on estime que 1,5 million d’enfants de moins de cinq ans meurent chaque année de maladies qui auraient pu être évitées par la vaccination.
Le transport et la conservation des vaccins dans une chaine de froid, c’est-à-dire entre 2°C et 8°C, depuis le site de production jusqu’à la personne à vacciner – constituent un immense défi sous les climats tropicaux des pays à ressources limitées et représentent l’une des principales causes des faibles taux de couverture vaccinale. Les ministères de la Santé et les organisations telles que Médecins Sans Frontières (MSF), qui mènent des activités de vaccination dans les pays en développement, font tout leur possible pour relever ce défi et conserver les vaccins aux températures recommandées dans des contextes où l’infrastructure sanitaire est très limitée et où l’approvisionnement électrique et les capacités de réfrigération sont inconstants.
De plus en plus de données prouvent que certains vaccins peuvent être gardés hors chaine de froid pendant une certaine durée sans que leur profil d’innocuité et d’efficacité ne soit compromis. Le recours à une chaine de froid plus flexible est dénommé « chaine de température contrôlée » (CTC) ou « chaine de froid flexible ». Cette approche a des avantages considérables : coûts d’intervention réduits ; pas de risque que les vaccins soient endommagés suite à une congélation accidentelle ; et surtout, un accès plus facile aux enfants qui vivent dans des zones reculées et qui n’auraient pas pu recevoir de vaccins si une chaine de froid stricte avait due être maintenue.
Pourtant très peu de fabricants de vaccins publient les données de thermostabilité de leurs vaccins et conduisent des études
de stabilité au-delà de la conservation classique des vaccins entre 2 et 8°C. Ceci est en partie dû au fait qu’il n’y a pas vraiment besoin d’une chaine de froid plus flexible dans les pays riches, où les capacités de réfrigération ne posent pas de problèmes. Les fabricants n’ont ainsi que peu intérêt à poursuivre cette voie. Il est pourtant primordial que les producteurs, les agences de règlementation des médicaments et les programmes nationaux de vaccination joignent leurs forces pour évaluer et, autant que possible, autoriser l’utilisation des vaccins en CTC.