Sida : l’urgence de soutenir le personnel soignant

En Afrique australe le manque de personnels de santé mal payés et peu soutenus met en péril la vie des patients souffrant du VIH/sida.
© Nicolas Postal

En Afrique australe, le manque de personnels de santé, mal payés et peu soutenus, met en péril la vie des patients souffrant du VIH/sida.

Mexico, le 3 août 2008 - A l'occasion de l'ouverture de la 17ème Conférence Internationale sur le sida, Médecins Sans Frontières (MSF) alerte sur l'impact mortel du manque de personnel de santé concernant le traitement du sida en Afrique australe. Lors d'une réunion satellite intitulée "Mind the Gaps" organisée par MSF, des experts ont décrit l'ampleur et les conséquences de cette crise ainsi que la nécessité pour les gouvernements et les bailleurs de fonds de redoubler d'effort et de prendre des mesures concrètes et immédiates afin de conserver et de soutenir le personnel médical.

"Dans le district de Thyolo, au Malawi, une infirmière maintient 400 patients en vie en assurant leur suivi médical, mais son salaire de base atteint à peine trois dollars" explique le Dr Moses Massaquoi, coordinateur médical pour MSF au Malawi. Les bailleurs qui acceptent de financer les médicaments doivent trouver un moyen de payer des coûts récurrents comme les salaires."

Environ 70% des personnes vivant avec le VIH/sida et qui nécessitent une thérapie anti-rétrovirale n'y ont pas accès alors que le nombre croissant de personnes sous traitement augmente la charge de travail du personnel de santé. Ces derniers n'ont pas le temps d'offrir des soins et d'assurer correctement le suivi de leurs nombreux patients, engendrant un risque réel de perte de qualité ainsi que des interruptions de traitement parmi les patients découragés par le temps d'attente pour les consultations.

MSF et d'autres organisations ont mis en place des projets pilote visant à mieux utiliser les ressources humaines existantes, en particulier dans les zones rurales. Grâce à des formations et un soutien appropriés, des infirmières et du personnel non-médical peuvent soigner davantage de patients sans compromettre la qualité et la continuité des soins pour le VIH/sida.

MSF présentera lors de la 17ème Conférence Internationale sur le Sida des données sur ce "transfert des tâches" sans concession sur la qualité des soins dans des pays comme le Malawi, le Lesotho, l'Afrique du Sud et le Rwanda. Ce transfert des tâches n'est toutefois pas la panacée pour combler le manque de personnel de santé. Cela ne remplacera pas les actions concrètes nécessaires pour résoudre les problèmes fondamentaux qui affectent le personnel médical.

Les bas salaires, les mauvaises conditions de travail et le manque de soutien et de supervision sont quelques-unes des raisons pour lesquelles il n'est plus possible pour beaucoup de personnel médical de rester et de fournir des soins de qualité. Les initiatives de bailleurs et de gouvernements pour ralentir la "fuite des cerveaux" du staff médical à long terme vers les pays riches ne résoudront pas la crise actuelle. Maintenir le personnel de santé aujourd'hui dans les cliniques et les hôpitaux doit être la priorité.

"Il est décourageant de voir l'état de santé des patients s'aggraver ou de constater leur décès parce qu'ils doivent attendre des semaines ou des mois avant d'être traités faute de personnel" explique Dr Mit Philips de MSF. "Le personnel surmené, sous-payé et sous-évalué se fait de plus en plus rare en Afrique australe, alors que le nombre de patients ne fait qu'augmenter. Les antirétroviraux sont disponibles dans les pharmacies et dans un nombre croissant d'hôpitaux et de cliniques, mais sans personnel pour les administrer, la mortalité continuera d'augmenter".

La décision récente du Fonds Mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme d'autoriser les financements visant au renforcement des systèmes de santé est un pas dans la bonne direction. Les pays devraient utiliser ces fonds supplémentaires pour retenir et renforcer le personnel médical directement impliqué dans les soins des patients.
Les restrictions imposées par les institutions financières nationales et internationales sur les dépenses liées aux ressources humaines et aux salaires doivent aussi être levées. A défaut, le nombre de personnels de santé et le recrutement de nouveaux travailleurs resteront limités.

Médecins sans Frontières (MSF) offre des traitements contre le sida à 140.000 personnes (dont 10.000 enfants) dans 27 pays.

Pour toute demande d'interviews, contacts MSF à Mexico :
Jean-Marc Jacobs: +52144 553 111145
Emma Amado: +52144 551 2991 415
Francisco Javier Sancho: +52144 553 1109 854

Pour toute information complémentaire, contact MSF à Paris :
Julie Damond : +33 1 40 21 27 94
Olivier Falhun : 06 76 22 02 79

Notes

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