Vienne, 23 juillet 2010 - Les résultats d'une nouvelle étude opérationnelle ont été présentés hier par Médecins Sans Frontières à Vienne lors de la conférence internationale sur le sida. Ils démontrent qu'une administration précoce des traitements et une amélioration des médicaments de première ligne engendrent une réduction significative des taux de mortalité et un meilleur suivi du traitement de part les patients, y compris dans les endroits isolés. En ces temps de récession économique, les messages entendus au cours de la conférence se sont principalement focalisés sur une plus grande efficacité des dépenses, au détriment du sort des patients.
Au terme de deux ans d'études menées dans une cohorte de 1 128 patients au Lesotho, où le gouvernement a mis en place les nouvelles recommandations de l'OMS, 70 % des patients commençant plus tôt un traitement (nombre de CD4 inférieur à 350) sont moins menacés de décès, 40% sont moins susceptibles de nécessiter des soins et plus de 60% ont des chances d'éviter d'être hospitalisés, comparativement à ceux qui ont été pris en charge tardivement (nombre de CD4 inférieur à 200).
« Traiter les patients avant qu'ils soient gravement malades est à la fois mieux pour la santé des personnes, mieux pour la communauté et allège la charge supportée par le système de santé, explique le Dr Helen Bygrave, spécialiste du sida pour MSF au Lesotho. Dans tous ces discours sur l'efficacité des dépenses, les patients sont mis de côté. »
MSF a également présenté des données de son projet mené au Mozambique, où l'administration des traitements ARV aux patients a été confiée à la communauté. Cette approche simplifiée montre que les patients habitant les zones isolées ou à faibles revenus peuvent rester en bonne santé et adhérer aux traitements avec un suivi limité en centre de santé. Les résultats obtenus sont équivalents à ceux constatés par un suivi hospitalier, avec un taux de patients perdus de vue inférieur à 1%.
Cependant, l'augmentation de l'accès aux traitements est menacée par l'insuffisance des ressources financières et le coût des médicaments. Le prix de premières lignes de traitements les plus efficaces (recommandés par l'OMS) et celui des secondes lignes (de plus en plus nécessaires aux patients) diminue faiblement tandis que les brevets limitent la production générique de ces nouveaux médicaments.
Dans une autre étude menée au Lesotho, MSF a montré que les nouvelles combinaisons de première ligne avec du tenofovir (recommandées par l'OMS) ont un meilleur impact sur la santé. De plus, une réduction supplémentaire de 30% du prix de ce médicament permettrait d'atteindre un coût équivalent aux anciens traitements plus toxiques (contenant de la stavudine), tout en améliorant sensiblement la qualité de vie des patients.
« Au cours de la conférence de Vienne, les prix pratiqués par les compagnies pharmaceutiques n'ont pas été questionnés. Le dirigeant d'une des plus importantes fondation a même annoncé que les gains d'efficacité devaient être trouvés autrement que par la baisse du prix des médicaments », explique le Dr Tido von Schoen-Angerer, directeur de la campagne d'accès aux médicaments essentiels de MSF. « L'efficacité doit avant tout bénéficier aux personnes infectées par le sida. Le prix des médicaments doit encore diminuer drastiquement, afin de faciliter la prise en charge des patients et de garantir davantage de ressources pour augmenter l'accès aux traitements. »
Pour plus d'informations, merci de contacter Guillaume Bonnet +41 79 203 13 02 (Vienne) ou Julie Damond au 01 40 21 27 94 (Paris).