Soudan : bombardement sur le dernier hôpital d'El Fasher menacé de fermeture

Depuis le 24 mai, les hôpitaux d'El Fasher ont été plusieurs fois touchés par des mortiers et des balles.
Depuis le 24 mai, les hôpitaux d'El Fasher ont été plusieurs fois touchés par des mortiers et des balles. © MSF

À El Fasher, les combats connaissent une nouvelle escalade. Depuis le 10 août, au moins 15 personnes ont été tuées, plus de 130 blessées et le 11 août, des bombardements ont frappé l'hôpital saoudien soutenu par Médecins sans Frontières (MSF), le dernier hôpital public de la ville en mesure de prendre en charge les blessés et de pratiquer des opérations chirurgicales, causant d'importants dégâts et ne laissant l'établissement que partiellement opérationnel. MSF réitère son appel urgent à la protection des structures de santé et des civils.

C’est la onzième fois que les hôpitaux d’El Fasher sont touchés par les combats depuis le 10 mai. Les bombardements ont touché le service de chirurgie, tuant un soignant et en blessant cinq autres, et a complètement détruit la maternité. Une infirmière a été blessée alors qu’elle travaillait dans un des bureaux de l’hôpital touchés par la frappe.  

L’hôpital saoudien avait déjà reçu plus de cent blessés après les violents combats du samedi 10 août. Parmi eux, 14 sont décédés des suites de leurs blessures et 15 ont été transférés vers les installations de MSF dans le camp de Zamzam. L’entrée des Forces de Soutien Rapide (RSF) dans la ville fait craindre une intensification des combats dans les jours à venir.  

« Depuis plus de trois mois, les habitant d’El Fasher subissent les bombardements constants des deux parties au conflit. Plus de 2 500 blessés ont été pris en charge dans les hôpitaux soutenus par MSF et plus de 370 personnes sont décédées des suites de leurs blessures. Le nombre total de victimes est inconnu, déclare Michel-Olivier Lacharité, responsable des opérations d’urgence de MSF. L’attaque de dimanche contre l’hôpital saoudien est la preuve que les belligérants ne font aucun effort pour protéger les structures de santé et les civils qui s’y trouvent. » 

« Les gens fuient les combats et se réfugient à Zamzam, mais ceux qui sont déjà dans le camp ont aussi peur pour leur vie. Zamzam a été touché par des tirs d’obus il y a une semaine et il y a de réelles inquiétudes que cela se produise à nouveau, explique Michel-Olivier Lacharité. Nous nous préparons à recevoir davantage de blessés dans nos infrastructures médicales dans le camp, d'autant plus que les combats à El Fasher empêchent les gens d'accéder à l'hôpital saoudien. Cependant, notre hôpital de campagne à Zamzam a été construit pour soigner les enfants souffrant de malnutrition et de maladies pédiatriques, et il n'est pas équipé pour soigner des blessés. Il n'y a pas aujourd’hui de salle d'opération ni de banque de sang dans cet hôpital. » 

A ces risques, s’ajoute la crise de malnutrition extrêmement grave qui sévit dans le camp, et sur laquelle MSF a déjà alerté il y a plus de six mois. Le Famine Review Committee a récemment déclaré l'état de famine dans le camp.  

« Les parties belligérantes doivent protéger les civils et les structures de santé. L’hôpital saoudien est le dernier hôpital public du Darfour du Nord capable de soigner efficacement les blessés. Si cet hôpital ou nos installations à Zamzam sont à nouveau touchés et mis hors service, les blessés ne pourront plus être pris en charge », alerte Michel-Olivier Lacharité.  

À lire aussi