Ils ont survécu à des expériences terrifiantes durant leur périlleux voyage, notamment en Libye. Certains ont été kidnappés par des trafiquants qui les ont torturés pour leur extorquer, ainsi qu’à leur famille, de l’argent. Certains ont tenté de traverser la Méditerranée en quête d’un endroit sûr mais ont été ramenés par les garde-côtes libyens soutenus et équipés par les Etats européens. Une fois à terre, ils ont été transférés dans des centres de détention, notamment à Tripoli. Suite aux combats entre milices qui ont éclaté à Tripoli en aout 2018, beaucoup ont été transférés des centres de détention de la capitale vers ceux du Djebel Nafusa, où ils se sont retrouvés certes plus éloignés des lignes de front mais aussi largement abandonnés à leur sort, loin des regards et laissés pratiquement sans assistance.
Les équipes médicales de MSF qui se sont rendues au centre de détention de Dhar el Jebel pour la première fois en mai 2019 y ont découvert une situation sanitaire catastrophique. Une épidémie de tuberculose faisait rage depuis des mois et au moins 22 migrants et réfugiés sont morts de la tuberculose et d’autres maladies entre septembre 2018 et mai 2019.
« Les personnes qui souhaitent demander l’asile dans un pays sûr sont de plus en plus coincées en Libye. Certains de nos patients du centre de détention de Dhar el Jebel sont détenus depuis trois ans. Ce que nous pouvons faire en tant que médecins pour soulager leurs souffrances est limité puisque la situation dans laquelle se trouvent nos patients se prolonge, tandis que leur demande de protection internationale reste sans réponse. Les évacuations et les réinstallations de réfugiés et de demandeurs d'asile en provenance de Libye doivent être intensifiées de toute urgence », déclare Christine Nivet.
Au moins 2000 migrants et réfugiés en Libye sont enfermés pour une durée indéfinie dans des centres de détention sordides, souvent exposés à des abus et des violences. Le mécanisme d’évacuation des réfugiés est extrêmement limité, principalement à cause du manque de places attribuées dans les pays sûrs. Malgré la dangereuse escalade du conflit en Libye, le soutien de l’Union européenne aux garde-côtes libyens se poursuit, pour intercepter les personnes fuyant par la mer, y compris dans les eaux internationales et pour les ramener dans un pays en guerre où elles seront exposées à des niveaux de violence extrêmement élevés et documentés.