Pfizer ne mérite pas le brevet qui lui a été accordé en août sur son vaccin contre la pneumonie Prevnar13 (PCV13), selon MSF. L’organisation médicale humanitaire va expliquer devant la Haute Cour de New Delhi que le brevet devrait être annulé parce qu’il ne répond pas aux normes prévues dans la loi indienne sur les brevets. Le brevet accordé à la société pharmaceutique américaine empêche d’autres fabricants de vaccins en Inde de développer et de commercialiser le PCV13 jusqu’en 2026.
« La décision d’accorder à Pfizer un brevet en Inde pour ce vaccin est injuste et n’est qu’un moyen pour Pfizer de s’assurer un monopole et empêcher une baisse des prix sur les vaccins contre la pneumonie, explique Kate Elder, spécialiste de la vaccination à la Campagne d’Accès aux Médicaments Essentiels (CAME) de MSF. Nos équipes ont vu beaucoup trop d’enfants mourir de la pneumonie – on estime qu’elle tue 2 500 enfants par jour - et nous ne cèderons pas tant que le prix sera prohibitif. »
La décision prise en août par l'office indien des brevets a des implications encore plus larges puisqu’elle indique un affaiblissement des normes de brevetabilité et des garanties de santé publique de l'Inde. Faciliter l'obtention ou l'extension de brevets existants aux entreprises, lorsqu'elles apportent des améliorations mineures à un produit médical existant, entrave le rôle de l’Inde comme « pharmacie du monde en développement ». Cela rend aussi le travail plus difficile pour les pays et les acteurs comme MSF pour garantir aux patients des médicaments et des vaccins.
Il n'y a actuellement que deux laboratoires pharmaceutiques qui fabriquent un vaccin contre la pneumonie, Pfizer (PCV13) et GlaxoSmithKline (PCV10). Ces entreprises ont déjà gagné plus de 40 milliards de dollars avec leurs vaccins et ont toujours tout fait pour empêcher l’arrivée de concurrents sur le marché.
Cette absence de concurrence a entraîné une tarification élevée du vaccin contre la pneumonie, ce qui explique en grande partie que seulement un tiers des pays ont été en mesure d’inclure ce vaccin dans leur programme de vaccination. Et même les pays qui ont décidé d’acheter ces vaccins ont des difficultés à faire face au prix. L’Afrique du Sud par exemple, consacre plus de 30% de son budget de vaccination à l’achat du PCV13, qui est pourtant un parmi les 11 vaccins fournis aux enfants dans le pays. En Inde, le gouvernement n’a commencé que récemment à distribuer le PCV13 et n’a jusqu’à présent pu l’introduire que dans 3 états : Himachal Pradesh, Bihar et Uttar Pradesh, en raison de son prix élevé et du fait qu’il ne peut être produit et vendu par d’autres laboratoires pharmaceutiques.