“Les hôpitaux dans cette zone assiégée reçoivent un grand nombre de blessés de guerre”, indique Karline Kleijer, responsable des programmes d’urgence de MSF au Yémen, qui en revient. “Or nous avons été empêchés d’apporter des médicaments et du matériel médical essentiels, comme des sondes d’intubation, des anesthésiants, des solutés injectables, du matériel de suture et des antibiotiques, pour aider le personnel à faire des opérations chirurgicales vitales.”
“C’est très frustrant qu’après des semaines de négiociations, nous n’ayons pas réussi à convaincre les responsables de la nécessité de fournir une aide médicale impartiale aux victimes des affrontements dans cette enclave, alors que nous apportons un soutien régulier aux structures médicales dans les zones contrôlées par les Houthis”, observe K. Kleijer.
Des habitants de l’enclave à Taïz parlent de restrictions de plus en plus grandes pour faire rentrer de l’eau, du carburant et des produits alimentaires. Les prix dans la zone assiégée ont flambé et les gens ont beaucoup de mal à trouver suffisamment d’eau potable.
Les Yéménites habitant les quartiers populaires de Taïz vivent en permanence dans la peur des tireurs embusqués, des balles perdues et des obus de mortier qui sont tirés de manière indiscriminée par les deux parties au conflit, alors que les bombardements aériens sur la ville de Taïz sont quotidiens. Les gens ont énormément de difficultés à franchir les lignes de front et manquent de moyens de transport en raison des pénuries de carburant. Souvent pour recevoir des soins médicaux, ils vont voir des infirmières ou des médecins de connaissance à leur domicile.
L’embargo sur les armes imposé au Yémen, qui s’apparente maintenant à un blocus de fait mis en oeuvre par la coalition que dirige l’Arabie saoudite et par les Nations Unies, a provoqué dans le pays de graves pénuries de produits alimentaires et de carburant, qui ne sont disponibles qu’à des prix exhorbitants.
“Une grande partie de la population de Taïz est déplacée dans la ville", indique Kleijer. "Les gens luttent tous les jours pour survivre et pour avoir suffisamment de nourriture et d’eau, du fait du renchérissement des services de base et de l’insécurité.”
Auparavant, Taïz avait 20 hôpitaux pour une population de plus de 600 000 habitants. Avec le conflit, il ne reste plus que six hôpitaux qui fonctionnent, et souvent que partiellement. Ils manquent de personnel médical, de carburant et de médicaments de base et ils sont débordés par le grand nombre de blessés qui, tous les jours, demandent des soins d’urgence.
“La situation est dramatique à Taïz et continuera de se dégrader dans les prochaines semaines si aucun effort n’est fait pour épargner la violence aux civils et les laisser accéder aux services de base, y compris aux structures médicales“, ajoute Kleijer.
MSF, en tant qu’organisation humanitaire impartiale et neutre, vient en aide à tous les hôpitaux qui ont besoin de fournitures essentielles à Taïz, qu’ils se trouvent dans les zones contrôlées par les forces affiliées aux Houthis ou par les forces de la résistance locale. Pour la seule ville de Taïz où MSF travaille sans interruption depuis mai dernier, 3 644 blessés ont été soignés dans des hôpitaux soutenus par MSF. Et plus de 15 500 blessés ont été pris en charge dans les hôpitaux soutenus par MSF dans tout le Yémen, depuis début mars 2015.
MSF appelle toutes les parties au conflit à laisser l’aide humanitaire et médicale rentrer dans toutes les zones, à faciliter l’accès aux structures médicales à toutes les personnes malades et blessées et à respecter les infrastructures médicales ainsi que le personnel médical conformément au droit international humanitaire et aux traditions yéménites.
Des équipes MSF sont présentes dans huit gouvernorats au Yémen, à savoir ceux de Sanaa, Saada, Aden, Taïz, Amran, Al-Dhale, Ibb et Hajja.