Les points de contrôle et d'intenses combats empêchaient l'aide humanitaire d'atteindre l'enclave assiégée depuis août, date de la dernière livraison de fournitures médicales. Avec les graves pénuries que cette situation a engendrées, les soins médicaux et la chirurgie ont dû être suspendus à plusieurs occasions.
« Nous sommes très heureux d’avoir réussi à livrer les fournitures médicales aux hôpitaux, qui reçoivent un grand nombre de blessés de guerre, explique Karline Kleijer, responsable des programmes d’urgence de MSF au Yémen. Ces fournitures médicales essentielles – comprenant des drains thoraciques, des produits d’anesthésie, des solutés, des sutures et des antibiotiques – aideront les hôpitaux à effectuer des opérations chirurgicales qui sauveront des vies », a ajouté Karline Kleijer.
Les Yéménites qui vivent dans cette zone assiégée densément peuplée rapportent qu’il est de plus en plus difficile de se procurer de la nourriture, de l'eau potable et du carburant, et que les prix des articles essentiels ont explosé.
« Une grande partie de la population de Taïz est déplacée à l’intérieur même de la ville, explique Karline Kleijer. Ces gens se battent pour leur survie chaque jour, et luttent pour mettre la main sur de la nourriture et de l'eau en quantité suffisante, en raison du coût excessif des articles de première nécessité et de l'insécurité qui prévaut ».
Une équipe de MSF travaille à Taïz depuis mai 2015, où elle fournit une assistance médicale aux victimes des combats, et ce, sans égard aux affiliations politiques. « À Taïz seulement, nous avons traité plus de 5 307 blessés de guerre, poursuit Karline Kleijer. Toutefois, au cours des quelques derniers mois, il a été impossible d’accéder à cette enclave de la ville pour y livrer des fournitures médicales ».
La ville de Taïz est la cible quotidienne de frappes aériennes, et les habitants vivent dans la peur des snipers, des balles perdues et des tirs de mortier, qui sont utilisés de manière indiscriminée par les deux groupes de belligérants. Les blessés peinent à atteindre les cliniques et les hôpitaux, en raison des combats, de la difficulté de traverser les lignes de front et du manque de transports causé par les pénuries de carburant. Taïz comptait autrefois 20 hôpitaux pour sa population de 600 000 habitants ; maintenant seulement six d’entre eux sont fonctionnels, et encore, uniquement de manière partielle. Les soins de santé de base sont principalement fournis par le personnel médical dans des maisons privées.
En outre, les installations médicales de Taïz et dans le reste du pays sont ciblées ou touchées par des frappes aériennes ou des tirs d’artillerie. Le 10 janvier, l'hôpital de Shiara, soutenu par MSF à Razeh, au nord du Yémen, a été touché par un missile, tuant six personnes et en blessant huit.
« Pendant la guerre, les gens ont droit à des soins médicaux. Priver la population de soins de santé ne doit jamais être utilisé comme un outil militaire. C’est une bonne nouvelle pour les personnes vivant dans la zone assiégée que ces fournitures essentielles aient pu entrer, explique Karline Kleijer. Nous demandons à toutes les parties au conflit de réduire la souffrance de la population du Yémen et de continuer à autoriser la livraison de fournitures et d’articles médicaux essentiels tels que la nourriture et le carburant dans toutes les régions gravement touchées dans le pays ».
MSF est une organisation médicale humanitaire internationale neutre qui a été fondée en 1971. Aujourd'hui, MSF travaille dans plus de 70 pays dans le monde.
Au Yémen, MSF travaille toujours dans les gouvernorats de Saada, d’Aden, de Sanaa, d’Al-Dhale, d’Amran, de Taïz, de Hajja et d’Ibb. Depuis le début de 2015, les équipes de MSF au Yémen ont reçu plus de 88 000 patients en salles d'urgence, traité 20 539 blessés de guerre, effectué plus de 11 000 interventions chirurgicales, 5 000 accouchements et admis plus de 10 000 patients adultes et enfants dans ses services d'hospitalisation.