« Deux de nos gardes ont été battus et menacés avec des armes à feu pendant que des tirs touchaient les deux côtés des murs de l’hôpital, raconte Anne Garella, coordinatrice de projet pour MSF. Heureusement, aucun patient n’a été touché. En revanche, une personne a été blessée et nous lui avons prodigué des soins d’urgence. La situation était tendue à l’intérieur même de l’hôpital et personne n’a pu quitter l’enceinte de l’établissement pendant près de 5 heures. »
Cette attaque sur l’hôpital est le dernier épisode d’une série d’évènements menaçant l’accès et la sécurité du programme médical. En avril dernier, les médecins de ce même établissement avaient été sérieusement menacés par des patients. Le mois suivant, des hommes armés sont entrés de force dans le bâtiment et ont tenté d’enlever un patient. En juillet enfin, des tirs ont eu lieu à l’entrée même de l’hôpital.
Cet hôpital de 40 lits à Aden fournit une aide chirurgicale pour les cas d’urgence. Près de 500 personnes, hommes, femmes et enfants, ont été traités depuis son ouverture en avril dernier, y compris des victimes de mines anti-personnel et de violence armée. MSF suit une politique stricte bannissant les armes dans toutes les structures de santé dans lesquelles elle intervient : « Nous soignons des personnes de toute origine sociale ou politique selon les principes humanitaires », explique Thomas Balivet, chef de mission MSF.
Malgré les efforts de MSF pour garantir l’intégrité de l’établissement, ces dernières attaques soulignent la nécessité urgente pour les autorités locales et les dirigeants communautaires de prendre des mesures sérieuses pour éviter de prochaines violences.
« Nous avons atteint un stade où nous avons véritablement besoin d’un engagement substantiel des communautés locales et des autorités pour assurer qu’il n’y ait pas d’arme dans l’hôpital et dans ses alentours », déclare Thomas Balivet.
Cette semaine, les autorités d’Aden et de Sannaa ont affirmé leur soutien pour une réouverture de la structure en toute sécurité ainsi que pour la protection des équipes médicales et des patients. MSF espère une résolution rapide de cette situation. Elle négocie avec les autorités afin de pouvoir assurer aux blessés et aux malades l’aide médicale dont ils ont besoin, sans aucune discrimination, et quelles que soient les raisons de leur état de santé.
MSF est présente au Yémen depuis 1986 et sans interruption depuis 2007. En plus des gouvernorats d’Aden, d’Ad-Dhali, et d’Abyan, l’organisation mène des activités chirurgicales et médicales dans les zones d’Amran et d’Hajjah, dans le nord du pays. Au Yémen, MSF n’accepte l’aide financière d’aucun gouvernement et a choisi de mener ses activités uniquement grâce à des dons privés.