Lettre ouverte à M. Nicolas Sarkozy, Président de la République

L'Europe doit accueillir les boat people fuyant la Libye. MSF dénonce l'incohérence des politiques européennes qui prétendent protéger les civils en faisant la guerre mais en leur fermant les frontières.
© Mattia Insolera

L'Europe doit accueillir les boat people fuyant la Libye. MSF dénonce l'incohérence des politiques européennes qui prétendent protéger les civils en faisant la guerre, mais en leur fermant les frontières.

Paris, le 19 mai 2011 - Médecins Sans Frontières publie aujourd'hui dans 13 journaux*, une lettre ouverte** aux dirigeants des Etats de l'Union Européenne engagés dans la guerre en Libye.

L'association y dénonce le double discours politique européen qui affirme, d'un côté, faire la guerre en Libye pour protéger les civils, mais qui, de l'autre, ferme ses frontières aux victimes de cette même guerre, au prétexte d'afflux de migrants illégaux.

« Les Etats européens engagés dans la guerre en Libye se dédouanent de leurs obligations, tant légales que morales, de l'attention qui doit être portée aux victimes de la guerre dont ils sont partie prenante, explique le Docteur Marie-Pierre Allié, Présidente de Médecins Sans Frontières. Les discours et les actes de nos dirigeants, sous fond de lutte contre l'immigration illégale, restreignent de fait l'accès au sol européen aux victimes de la guerre. Ce cynisme politique est indigne. »

MSF souligne, de plus, la disproportion en matière d'accueil entre les Etats limitrophes de la Libye - la Tunisie et l'Egypte - qui ont reçu sur leur sol près de 630 000 personnes fuyant la Libye, et les Etats d'Europe qui refoulent de leur sol et des eaux territoriales des « boat people » tentant de gagner l'Europe au péril de leur vie.

« Les personnes que nous rencontrons à Lampedusa nous parlent des menaces et des violences dont elles ont été victimes en Libye : certaines ont été battues ou ont vu leurs amis mourir sous leurs yeux, explique Loris De Filippi, directeur des opérations MSF. « Elles arrivent exténuées, souvent en état d'hypothermie, après de longues heures de voyage au péril de leur vie. Ce qu'elles trouvent à leur arrivée en Europe, ce sont des conditions d'accueil inacceptables et l'incertitude la plus totale quant à leur avenir. »

Cette lettre ouverte rappelle, en outre, l'obligation légale de respecter les droits des victimes de guerre « en garantissant leur non-refoulement des eaux territoriales et du sol européens vers une zone de guerre ; en leur assurant des conditions d'accueil décentes en Europe, tout comme l'accès à la procédure d'asile, quand elles le demandent ».


* Cette lettre ouverte a été publiée dans :
Die Presse, Der Standard (Autriche), Le Soir, De Standaard (Belgique), Berlingske Tidende (Danemark), El País (Espagne), Le Monde (France), Kathimerini (Grèce), Corriere della Sera, La Repubblica, (Italie), Svenska Dagbladet (Suède) - Le Temps (Suisse), European Voice (UE).

 

** Destinataires de la lettre ouverte :
Mme Angela Merkel, Chancelière (Allemagne), M. Werner Faymann, Chancelier Fédéral et M. Michael Spindelegger, Vice-Chancelier et Ministre des Affaires étrangères (Autriche), M. Yves Leterme, Premier Ministre (Belgique), M. Lars Løkke Rasmussen, Premier Ministre and M. Lene Espersen, Ministre des Affaires étrangères (Danemark), M. José Luis Rodríguez Zapatero, Premier Ministre (Espagne), M. Nicolas Sarkozy, Président de la République (France), M. Geórgios Papandréou, Premier Ministre (Grèce), M. Rutte, Premier Ministre (Pays-Bas), M. Silvio Berlusconi, Premier Ministre (Italie), M. Jean-Claude Juncker, Premier Ministre (Luxembourg), M. Jens Stoltenberg, Premier Ministre (Norvège), M. Petr Nečas, Premier Ministre (République Tchèque), M. David Cameron, Premier Ministre (Royaume-Uni), M. Fredrik Reinfeldt, Premier Ministre (Suède), Mr Herman Van Rompuy, Président du Conseil Européen, les Chefs d'Etats ou de Gouvernement des Etats members de l'Union européenne, M. Jerzy Buzek, Président du Parlement européen, M. José Manuel Barroso, Président de la Commission européenne, Mme Catherine Ashton, Vice-Présidente de la Commission européenne et Haut Représentant de l'Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité‎.

Contact presse : Audrey Roc - 01 40 21 28 23 - 06 83 31 55 39


 

Télécharger la Lettre ouverte de MSFLettre ouverte de MSF au Président de la République Nicolas Sarkozy

 


Les activités de MSF en Libye, à Lampedusa (Italie) et en Tunisie, auprès des victimes de la guerre


Secourant les victimes de la guerre en Libye tant en Italie (Lampedusa) qu'en Libye (Misrata, Bengazhi et Zintan) et en Tunisie, les équipes de Médecins Sans Frontières sont quotidiennement confrontées aux conséquences du conflit sur les civils.

Lampedusa (Italie)
MSF s'occupe du triage des patients à l'arrivée au port et de leur suivi médical dans les centres d'accueil et de détention. MSF mène aussi des évaluations de leurs conditions de vie et d'accès aux soins dans les centres situés en Italie. Jusqu'à présent, quelque 11 175 migrants et demandeurs d'asile qui fuient le conflit en Libye ont rejoint l'Italie. Depuis février 2011, MSF a effectué plus de 1 700 consultations médicales auprès des migrants et des réfugiés à Lampedusa. Au total, l'organisation a également distribué 2 500 kits d'hygiène, 4 500 couvertures et 3 500 bouteilles d'eau.

Lybie
Présente en Libye depuis le 24 février 2011, des équipes MSF travaillent aujourd'hui dans les villes de Misrata, Benghazi et Zintan.
• A Misrata, des équipes MSF d'une vingtaine de personnes apportent des soins médicaux et chirurgicaux dans trois hôpitaux de la ville (Al Abbad, Kasr Ahmed et Ras Tuba) depuis le 18 avril et travaillent à l'augmentation de la capacité d'accueil de ces trois structures. De plus, MSF a acheminé à Misrata plus de 25 tonnes de matériel médical et de médicaments.
• A Benghazi, MSF apporte son soutien aux deux pharmacies centrales de la ville en les approvisionnant en médicaments essentiels. MSF continue son appui au comité médical de Benghazi en ce qui concerne la prise en charge des victimes de violences sexuelles, notamment via un soutien psychologique. MSF vient en aide aux patients souffrant de maladies chroniques en fournissant des médicaments aux patients atteints de VIH/sida et de tuberculose. Des évaluations de la situation des populations déplacées par le conflit ont été menées dans les environs de Benghazi et MSF prévoit notamment d'intervenir dans le camp d'Al Bayda qui compte quelque 900 familles.
• Depuis le 30 avril, une équipe de MSF appuie le personnel médical de l'hôpital de Zintan, une ville située à l'ouest de la Libye, au Sud-Ouest de Tripoli, pour faire face à l'important afflux de blessés. Depuis début mai, une centaine de blessés ont été admis à l'hôpital suite à des affrontements entre les troupes pro-Kadhafi et les insurgés.

Tunisie
Depuis mars, des équipes de psychologues MSF offrent un soutien psychologique aux personnes ayant fui le conflit en Libye et trouvé refuge dans les camps situés le long de la frontière. Plus de 4 000 consultations ont été données à ce jour.
Depuis début avril, plus de 40 000 familles libyennes ont traversé la frontière tunisienne, fuyant la violence dans leur pays. MSF a déployé des cliniques mobiles pour fournir un soutien psychologique à ces réfugiés logés dans des centres d'hébergement, des cliniques et dans des familles hôtes, le long de l'axe Dehiba-Tataouine. MSF appuie par ailleurs les structures de santé des localités hébergeant les réfugiés afin de les aider à faire face à l'augmentation de leur fréquentation.

 

Notes

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