Alors que la réunion de financement de GAVI, le principal mécanisme mondial de financement de la vaccination, a débuté aujourd'hui à Berlin, Médecins Sans Frontières (MSF) demande aux pays contributeurs d'exiger une baisse immédiate du prix du vaccin contre le pneumocoque (PCV), jusqu'à cinq dollars pour les trois doses nécessaires pour immuniser un enfant.
Alors que les pneumonies continuent de représenter la première cause de mortalité infantile dans le monde, de nombreux pays sont obligés de renoncer à l'utilisation du vaccin PCV, en raison de son coût trop élevé.
Les laboratoires GlaxoSmithKline (GSK) et Pfizer vendent aujourd'hui le PCV à environ 10 dollars pour trois doses, dans le meilleur des cas. Ce prix est largement au-delà des possibilités des pays en développement, qui dépendent alors de GAVI pour y avoir accès.
Le coût du PCV représente plus d'un tiers des 7,5 milliards de dollars de financements que GAVI demande aux bailleurs de fonds lors de la réunion de financement de Berlin.
MSF demande à GSK et Pfizer de réduire le prix du PCV de moitié dès aujourd'hui, en le ramenant en dessous du prix indicatif de 2 dollars par dose proposé par le Serum Institute, un producteur indien qui devrait faire son entrée sur le marché dans les années à venir.
« Les Etats doivent également faire pression sur les laboratoires, pour qu'ils offrent de meilleurs prix à GAVI et aux pays qu'il soutient, explique Kate Elder, spécialiste de la vaccination à la Campagne d'Accès aux Médicaments Essentiels (CAME) de MSF. La santé publique doit avoir la priorité sur le profit, et l'accès aux vaccins qui peuvent sauver la vie des enfants ne doit pas devenir un objet de business dans les pays pauvres. »
La nouvelle édition du rapport de MSF The right shot : généraliser l'accès à des vaccins plus abordables et mieux adaptés, publié à la veille de la réunion de Berlin, montre que le prix pour immuniser complètement un enfant est aujourd'hui 68 fois plus élevé qu'en 2001. En cause, l'introduction de six nouveaux vaccins, dont trois (le PCV, le vaccin contre le rotavirus et celui contre le virus du papillome humain) sont aujourd'hui particulièrement chers.
Le vaccin PCV à lui seul a rapporté, depuis son introduction, 19 milliards de dollars à GSK et Pfizer.
« Les multinationales pharmaceutiques sont en train de demander un prix excessif aux bailleurs de fonds et aux pays en développement, pour des vaccins qui leur rapportent déjà énormément d'argent dans les pays riches, précise Rohit Malpani, directeur des politiques à la CAME de MSF. Il faut que GSK et Pfizer jouent leur rôle dans l'amélioration durable de l'accès aux vaccins dans les pays qui en ont le plus besoin. Les réductions de prix qu'ils proposent aujourd'hui ne sont absolument pas suffisantes. »
Chaque année, les équipes de Médecins Sans Frontières vaccinent des millions de personnes, surtout lors d’épidémies et de flambées de maladies comme la rougeole, la méningite, la fièvre jaune ou le choléra. En 2013, Médecins Sans Frontières a contribué à la vaccination de 6,7 millions de personnes. L’organisation médicale humanitaire renforce actuellement ses activités de vaccination, en donnant la priorité à la vaccination de routine et à l'élargissement de la vaccination de routine en situation d’urgence humanitaire.