Le rapport interne de MSF décrit des patients brûlant vifs dans leur lit, du personnel médical décapité ou amputé et d’autres abattus par l’avion alors qu’ils fuyaient le bâtiment en feu. Au moins 30 personnes ont été tuées, dont 13 membres du personnel de MSF et 10 patients ; 7 corps méconnaissables doivent encore être identifiés.
« De l’intérieur de l’hôpital, on voit bien que cette attaque a été menée dans le but de tuer et de détruire, affirme Christopher Stokes, directeur général de MSF. Mais nous ne savons pas pourquoi. Nous n’avons pas la vision depuis le cockpit ni sur ce qui s’est passé dans les chaînes de commandement militaires américaine et afghane ».
Les résultats préliminaires du rapport de MSF établissent clairement les faits durant les jours qui ont précédé et pendant l’attaque, et de l’intérieur de l’hôpital. Le rapport inclut les détails de la transmission des coordonnées GPS et le journal des appels téléphoniques passés par MSF aux autorités militaires afin de tenter d’arrêter les frappes aériennes. Afin que la neutralité de l’hôpital, basée sur le droit international humanitaire, soit respectée, MSF avait conclu un accord avec toutes les parties au conflit.
« Nous avons respecté notre partie de l’accord : le centre de traumatologie de MSF à Kunduz était un hôpital complètement fonctionnel avec des opérations chirurgicales en cours au moment de l’attaque américaine, explique le Dr Joanne Liu, Présidente internationale de MSF. La politique de MSF interdisant l’introduction d’armes dans l’enceinte de l’hôpital était respectée et le personnel de l’hôpital contrôlait complètement les bâtiments avant et pendant les frappes aériennes ».
Des combattants blessés appartenant aux deux parties au conflit sur Kunduz, ainsi que des femmes et des enfants figuraient parmi les 105 patients présents au cours de l’attaque.
« Certains rapports publics affirment que l’attaque sur notre hôpital pourrait être justifiée par le fait que nous y soignions des Talibans, poursuit Christopher Stokes. Selon le droit international humanitaire, les combattants blessés sont des patients, ils ne peuvent pas être attaqués et doivent être traités sans discrimination. Le personnel médical ne devrait jamais être puni ou attaqué pour avoir fourni des soins à des combattants blessés ».
Le document, qui fait partie d’une analyse des événements menée par MSF et toujours en cours, est basé sur 60 débriefings d’employés nationaux et internationaux de MSF qui travaillaient dans le centre de traumatologie de 140 lits ; sur des informations internes et publiques ; sur des photos de l’hôpital avant et après l’attaque ; sur la correspondance par email ; et le journal des appels téléphoniques.
« L’attaque a anéanti notre capacité à soigner des patients au moment où notre aide était particulièrement indispensable, souligne le Dr Joanne Liu. Un hôpital en état de marche et qui traite des patients ne peut tout simplement pas perdre son statut de structure protégée et être attaqué ».