Syrie : Non aux corridors humanitaires militarisés

Pour Médecins Sans Frontières (MSF) l'enjeu aujourd'hui en Syrie est de démilitariser les hôpitaux et en aucun cas de militariser l'aide humanitaire.
© REUTERS/Ahmed Jadallah

Pour Médecins Sans Frontières (MSF), l'enjeu aujourd'hui en Syrie est de démilitariser les hôpitaux, et en aucun cas de militariser l'aide humanitaire.

Alors que les forces armées syriennes mènent un nouvel assaut contre la ville de Homs, le ministre des Affaires étrangères  français multiplie depuis le 14 février les déclarations en faveur de la création de « corridors humanitaires » en Syrie. Selon Alain Juppé*, le but de cette initiative serait d’acheminer des « produits médicaux » et autres biens de première nécessité dans les villes assiégées, en ayant recours si besoin à des moyens militaires pour « protéger les convois humanitaires, (...) comme en Libye ».

« Loin de soustraire le personnel et les structures de soins aux logiques de guerre et de répression, la mise en place de couloirs humanitaires reviendrait à militariser l’aide médicale et à en faire une cible », déclare le Dr Marie-Pierre Allié, présidente de MSF.

Le mitraillage des manifestants et le bombardement des quartiers insurgés de Homs et de Hama font un grand nombre de blessés parmi la population civile. Mais si les blessés ne peuvent bénéficier de soins adaptés, ce n’est pas faute de médicaments ou de personnel médical,  c’est en raison des pratiques de terreur du régime, lequel arrête ou torture les blessés se rendant dans les hôpitaux et mène une guerre sans merci contre les réseaux médicaux clandestins soignant les victimes de la répression. 

Pour le personnel médical et les organisations humanitaires, le principal enjeu aujourd’hui est d’obtenir de toutes les parties au conflit, à commencer par le gouvernement syrien, la démilitarisation des espaces de soins et de leurs voies d’approvisionnement. Mandater une force armée internationale pour acheminer des produits médicaux serait à cet égard désastreux.

Médecins Sans Frontières soutient les efforts diplomatiques visant à rétablir la neutralité des hôpitaux et à approvisionner en biens vitaux les villes assiégées. En revanche, l'ONG s'oppose, comme dans d’autres situations de conflit, à la notion de corridor humanitaire militarisé. Si la France entend soutenir militairement l’opposition syrienne, il serait à la fois hypocrite et dangereux qu’elle le fasse au nom de la protection des blessés et du personnel médical.

*Source : France Info

Aller plus loin

Notes

    À lire aussi