Le travail de la société civile pour porter assistance aux personnes en détresse en Méditerranée est devenu quant à lui de plus en plus compliqué. La coordination des secours dans les eaux internationales, auparavant orchestrée par les autorités maritimes italiennes, a été transférée aux autorités libyennes à Tripoli. Les garde-côtes libyens ne transmettent plus les appels des embarcations en détresse, et ils admettent eux-mêmes ne récupérer qu’une petite partie des bateaux naufragés en mer.
Les navires de recherche et de sauvetage peuvent très difficilement trouver des embarcations en détresse sans aide extérieure. L’utilisation de jumelles ou de radar, qui ont une portée très faible par rapport à la zone de recherche, est extrêmement limitée. Et lorsque ces navires ont enfin les coordonnées d’une embarcation, il faut encore la localiser précisément, se rendre sur place, et récupérer les personnes à bord lors d’opérations délicates. C’est pour répondre à ces besoins de repérage que des initiatives issues de la société civile sont nées, comme le Colibri, un avion qui transmet les coordonnées exactes des navires en détresse.
Lorsqu’un sauvetage est effectué, une autre opération commence : apporter une assistance médicale à des personnes qui ont failli mourir. Certaines sont en état d’urgence vitale, en hypothermie par exemple, après avoir passé des heures dans l’eau. D’autres présentent des brûlures causées par le mélange entre l’eau de mer et le carburant de leur embarcation de fortune. Après des mois voire des années passées dans des conditions de violence extrême et de détention en Libye, l’état de santé général des rescapés est fragile - il y a de nombreux cas de blessures par balle ou armes blanches, de multiples fractures, des marques de torture. Il y a de jeunes enfants et des femmes enceintes - parfois des naissances à bord.