Lorsque nous sommes arrivés dans notre camp de réfugiés - l'un des nombreux camps installés à Cox's Bazar, au Bangladesh - je pensais que nous serions de retour au Myanmar après deux ou trois mois. Certains de nos voisins étaient encore là et mon village était encore intact. Notre camp était très proche de la frontière entre ces deux pays et le retour allait donc être facile.
C'était il y a quatre ans. Ma maison a disparu depuis longtemps, réduite en cendres.
Personne ne veut être un réfugié. Parfois, j'ai l'impression de ne pas être humain. J'ai l'impression de vivre au fond d'une forêt avec des animaux sauvages, sans que rien ne puisse m'appartenir - pas d'éducation, pas de sécurité, pas même de liberté. Mais nous voulons rentrer tout en préservant nos droits et en sachant que nous serons en sécurité. [...] Plus nous restons au Bangladesh, plus je crains que la question des Rohingyas ne disparaisse progressivement de l'agenda international, jusqu'à ce que nous devenions tout simplement invisibles. Ici, dans les camps, notre accès aux soins de santé est très limité, car les installations médicales ne fournissent généralement que des soins de base. [...]