Traditionnellement nomades, ils se déplacent au gré des saisons dans la forêt en fonction de ce qu’elle peut leur apporter (gibier, miel, noix, baies, chenilles, racines, plantes, etc). En parfaite harmonie avec la nature, ces peuples ont une connaissance ancestrale de la faune et de la flore de la forêt.
Pourtant ce peuple est aujourd’hui menacé. Les Akas ont tendance à se sédentariser près des exploitations agricoles de leurs voisins Bantous qui voient en eux une main-d’oeuvre bon marché. C’est pourquoi dans le département de la Likouala il n’est pas rare de voir des villages mixtes où les communautés akas se sont fixées, tentant une cohabitation avec leurs voisins Bantous. Mais cette cohabitation reste aujourd’hui encore très difficile car les Akas sont victimes d’ostracisme et continuent d’être asservis à leurs voisins Bantous. Adoptée à la fin de l’année 2010, et promulguée par le président de la République du Congo Denis Sassou Nguesso en février 2011, la loi sur la promotion et protection des droits des peuples « autochtones » est censée être mise en application. Mais celle-ci semble tarder.
Au fur et à mesure, leur mode de vie d’autosuffisance est menacé et les Akas vivent dans un état de pauvreté et de marginalisation extrême. L’exploitation forestière intensive, l’agriculture à grande échelle et les activités commerciales les ont contraints à abandonner leurs territoires et les minces parcelles de forêt qu’ils occupaient. Certains groupes ont préféré se retirer au plus profond de la forêt pour échapper à l’influence de leurs voisins.
L’accès au système de santé de ces minorités est quasi nul
Là où ils se sont sédentarisés, les Akas pourraient avoir un accès au peu de structure de santé existante. Ainsi, les équipes MSF présentent à l’hôpital de Bétou et dans les centres de santé environnants en reçoivent régulièrement en consultation. Mais seule une petite minorité vient consulter.
L’isolement ou le mode de vie n’expliquent pas tout au fait que les Pygmées n’aient pas accès aux structures de santé. Certes, leurs lieux de vie restent très isolés mais ils ne bénéficient pas de la même attention que d’autres peuples voire d’autres régions. Comment expliquer la persistance de maladie comme le pian parmi ces communautés, tout comme celle d’autres maladies - telle que la lèpre - alors qu’il a disparu parmi les autres populations ? Leur accès aux soins est quasi nul.
Dans leur rapport, G. Salomone et F. Taglioni* expliquent que « les cartes de prévalence de certaines endémies comme le pian correspondent souvent aux territoires d’ethnies marginalisées. Le pian est un indicateur médical de discrimination ».
* Gérard Salomone, Médecin des hôpitaux et Chef de service au CH Gabriel Martin (La Réunion), Docteur en sciences politiques, Université de Paris VII et François Taglioni, Maître de conférences Cregur, Université de la Réunion ont publié un rapport intitulé « la marginalisation sanitaire des îlots pygmées de la Likouala (Congo) »
Dossier spécial "pian"Consultez notre dossier spécial pour en savoir plus sur notre campagne de traitement de masse du pian chez les populations pygmées akas au Congo-Brazzaville.