URGENCE GAZA

Gaza : l’hôpital Nasser au bord de la rupture

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Fonds Régional Urgence Gaza

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A l'hôpital d'Adre, auprès des réfugiés soudanais et des Tchadiens

Le conflit du Darfour, au Soudan, démarré début 2003, a jeté sur les routes des centaines de milliers de personnes. 200.000 d'entre elles se sont réfugiés au Tchad, où MSF a démarré, à l'automne 2003, des activités médicales et nutritionnelles pour leur porter secours. Depuis mai 2004, notre équipe travaille également dans l'hôpital d'Adre, notamment dans le service chirurgical, pour la prise en charge des blessés. Depuis, MSF est présent dans l'ensemble des services de cet hôpital, le seul de la région. Entretien avec Gabriel Trujillo, adjoint responsable de programme, de retour du Tchad.


Quelle est la situation des réfugiés aujourd'hui dans lesion des réfugiés aujourd'hui dans les camps ?

Les réfugiés continuent de vivre dans une situation de grande précarité, dans des camps surpeuplés au milieu du désert. Les distributions alimentaires, organisées par le Programme alimentaire mondial (PAM) sont régulières et suffisantes pour nourrir la population des camps. La situation nutritionnelle reste cependant fragile. L'eau demeure un gros problème : des systèmes de distribution ont bien été mis en place, mais il n'y a pas suffisamment d'eau dans le sol.

Les populations ne peuvent recevoir que la moitié de l'eau indispensable à leurs besoins quotidiens. C'est une des raisons pour lesquelles dans la région d'Adre, le HCR (Haut Commissariat aux réfugiés des Nations Unies) a décidé d'ouvrir un quatrième camp près d'Abeche, situé dans une zone où l'eau sera plus abondante. Une partie des réfugiés des 3 autres camps de la région d'Adre, dont le camp de Forchana, sera donc relogée. 450 familles ont déjà été réinstallées et le HCR prévoit le transfert de 1500 personnes par jour.

Si l'intervention de MSF est motivée par la présence des réfugiés, nos équipes sont néanmoins amenées travailler auprès des résidents tchadiens, qui vivent eux aussi dans une grande précarité. A l'hôpital d'Adre, nous prenons d'ailleurs en charge autant de résidents que de réfugiés du Darfour.


La violence perdure-t-elle dans la région ?

Oui, mais elle n'est pas uniquement liée à la situation des réfugiés soudanais. Par exemple, il y a eu récemment des attaques dans un village à l'ouest d'Adre, où 80 personnes en armes seraient venues très tôt le matin venger la mort d'un commerçant. 3 blessés ont été reçus par nos équipes à l'hôpital d'Adre, il y aurait eu 8 décès. Mais il s'agit là d'un conflit entre différentes communautés et sans lien avec la crise du Darfour.

En parallèle, différents incidents ont eu lieu récemment dans les camps. Au nord, dans la région de Tine, quand le HCR a voulu procéder à un nouvel enregistrement des réfugiés, après un premier enregistrement en février les populations du camp se sont révoltées car elles pensaient que cela pourrait conduire à des expulsions.

Dans les camps de réfugiés au sud, dans la région de Goz Beïda - à 200 km au sud-ouest d'Adre - le HCR avait trouvé en vente sur le marché les bâches en plastique qui avaient été distribuées pour les réfugiés et a demandé à la gendarmerie d'arrêter ce trafic. La population a pris les armes, a attaqué et brûlé la gendarmerie. Toutefois, au delà de ces différents incidents, la situation est relativement calme désormais dans la région d'Adre par rapport à la violence qui a prévalu l'année dernière. Mais pour les réfugiés, aucun avenir ne se dessine hors des camps. Personne ne veut retourner au Darfour.


Quelles sont les activités menées par MSF ?

Nous sommes présents dans tous les services de l'hôpital d'Adre : consultations, hospitalisation, maternité, bloc chirurgical. 15 enfants souffrant de malnutrition sévère sont également pris en charge dans notre centre nutritionnel thérapeutique, et nous réalisons en général trois ou quatre opérations chirurgicales par jour, dont la plupart sont des opérations programmées. Toutefois, notre équipe chirurgicale prend en charge une urgence chaque jour, qu'il s'agisse d'un blessé ou d'une urgence obstétrique. Cet hôpital est le seul qui fonctionne dans la région, et c'est ici que sont référés les personnes qui nécessitent un acte chirurgical ou les enfants atteint de malnutrition.

D'autres équipes MSF travaillent dans les trois camps autour d'Adre et offrent des soins et un soutien nutritionnel. Notre chirurgien se rend également dans les camps une fois par semaine pour examiner des malades déjà identifiés par l'équipe MSF présente dans les camps et programmer des opérations.

Nos équipes sont également prêtes à intervenir pour répondre aux urgences dans la région, notamment les épidémies. Deux campagnes de vaccination ont ainsi été menées contre la méningite : en février dernier et cette semaine, où une nouvelle campagne de vaccination a été lancée.


Quels sont les problèmes rencontrés par les équipes pour la prise en charge des malades ?

MSF est intervenu dans l'hôpital d'Adre en 2004 au moment de gros afflux de réfugiés en provenance du Darfour. A cette époque, cet hôpital manquait de moyens pour assurer des soins de qualité et était donc peu utilisé par la population. Il nous a fallu du temps pour le réhabiliter et le faire fonctionner, à la fois pour les réfugiés et pour les résidents tchadiens.

Mais, il arrive souvent que des malades soient référés trop tard à l'hôpital, dans un état trop grave pour que l'on puisse les sauver. C'est notamment le cas d'enfant souffrant de malnutrition sévère qui arrivent dans un état proche du coma. S'ils étaient référés quelques jours plus tôt, il serait possible de les prendre en charge et de les guérir. Un gros travail d'information doit donc être poursuivi par nos équipes pour convaincre les malades, tchadiens comme réfugiés, de venir plus tôt se faire soigner, ou les parents d'amener à l'hôpital leurs enfants malades.

 

 

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