La situation humanitaire à Gaza est épouvantable. Personnellement, qu'as-tu constaté ?
Tout d'abord, un cessez-le-feu immédiat et durable est nécessaire à Gaza. Mais j'insiste aussi pour tirer la sonnette d'alarme sur le manque d'eau et d'assainissement à Gaza. À ce stade, je suis presque certain que cela pourrait, à long terme, être aussi dangereux que les bombardements.
Le système d'approvisionnement en eau ne fonctionne plus, il s'est complètement effondré. Les gens doivent lutter pour leur survie. Au maximum, les gens disposent d'un litre d'eau par jour pour boire, se laver et cuisiner. Il n'y a en moyenne qu'une seule douche pour 500 personnes. Ceux qui peuvent se doucher sont considérés comme chanceux. Dans le sud de Gaza, nos équipes distribuent 50 à 60 m3 d'eau par jour, mais ça ne représente qu'une goutte d'eau dans l'océan.
Dans le sud de Gaza, les lieux sont tellement surpeuplés qu'on a l'impression d'être dans un stade de football bondé. Avec autant de personnes utilisant les quelques toilettes existantes et sans carburant pour pomper l'eau, j'ai vu des eaux usées s'écouler dans les rues où travaillent les vendeurs, où les enfants jouent et s'éclaboussent dans l'eau noire et sale. Imaginez les conséquences sur la santé…
Dans certains endroits, il n'y a ni carburant ni électricité. Cela a un impact sur tout. Sans carburant, les moulins ne fonctionnent pas, donc personne n'a de blé - pas de blé, pas de nourriture. Les camions venant d'Égypte déchargent l'aide aux camions de Gaza, mais sans carburant, ceux-ci sont incapables de se déplacer et de distribuer l'aide.
Nous avons vu les pertes humaines dévastatrices causées par le manque de carburant dans les hôpitaux lorsque les générateurs ne fonctionnent plus.