La majeure partie des blessés a été prise en charge par l’hôpital de l’ONG Emergency à Lashkar Gah. Mais, face à la violence des affrontements, l’ONG a été débordée par l'afflux de patients et a dû pour la première fois depuis cinq ans référer des patients vers l’hôpital de Boost. Avec l’intensification des combats, l’hôpital de Boost - soutenu par MSF - a reçu des patients victimes d’explosions et souffrant de blessures plus graves et complexes.
Lors du pic de violences, nos équipes ont réalisé jusqu’à 5 chirurgies par jour et admis 6 à 10 blessés en salle d’urgence. Au total, MSF a pris en charge 68 patients blessés lors des combats. « La plupart de nos patients ont été blessés par des tirs ou de lourdes explosions » constate Marcus Bachmann, coordinateur de projet pour MSF à l’hôpital Boost. « Nous avons vu des blessures des tissus mous et nous avons même reçu une femme enceinte blessée par des éclats d’obus ».
Le placement d’engins explosifs et les tirs croisés sur les routes menant à Lashkar Gah ont encore compliqué l’accès à l’hôpital pour les blessés. « Mon frère a été blessé par un éclat d’obus et nous étions en route pour l’hôpital quand des affrontements ont éclaté » raconte Abid « Il faisait nuit. Nous ne pouvions ni faire demi-tour, ni avancer. Nous avons été bloqués sur la ligne de front toute la nuit. Nous avons éteint les lumières de la voiture et nous avons attendu. Heureusement mon frère a survécu et quand les combats se sont arrêtés au petit matin et nous avons pu rejoindre l’hôpital. »
Les affrontements ont aussi gravement détérioré l’accès aux soins en général et ce pour toute la population. « Ma petite fille était malade. A cause des combats, les taxis ne voulaient pas prendre le risque de nous conduire jusqu'à l’hôpital Boost : il fallait payer en plus. Alors nous avons vendu un mouton et emprunté de l’argent, ce qui nous a retardé encore plus. Entre temps, l’état de ma petite fille s’est aggravé et elle a arrêté de manger. J’aurais voulu arriver plus tôt à l’hôpital » raconte la grand-mère d’Hawa. « Du fait du danger sur la route, les enfants arrivent à l’hôpital Boost à un stade très avancé de leur maladie, souffrant de malnutrition aigüe, d’infection ou en choc septique » déplore Marcus Bachmann.
Si depuis le 5 juillet, les affrontements diminuent et les routes sont de nouveau praticables, le haut niveau de violence a toujours de lourds impacts sur la population, quotidiennement exposée aux mines, aux explosifs, aux combats et aux tirs croisés. Une récente enquête MSF conduite auprès des patients de l’hôpital Boost a révélé qu’à cause du conflit quatre personnes interrogées sur cinq se sont heurtées à des obstacles sur le chemin de l’hôpital. Pour ceux n’ayant pas pu atteindre une structure médicale à temps ou tout court, un décès sur trois était causé par le conflit.
Depuis 2009, MSF soutient les activités de l’hôpital Boost à Lashkar Gah dans la province d’Helmand. Les équipes MSF travaillent dans plusieurs départements, y compris la maternité, le service pédiatrique, celui de médecine interne, le bloc chirurgical, le service de soins intensifs et la salle d’urgence. En 2013, 66 000 patients ont été pris en charge en salle d’urgence et 5 600 chirurgies ont été menées. En accord avec ses principes de neutralité et d’impartialité, les patients sont admis uniquement sur des critères médicaux. Nos programmes en Afghanistan, ne sont financés que par des fonds privés. MSF n’accepte aucune aide financiere de la part de gouvernements pour ses programmes en Afghanistan.