« Nous, le Comede, Médecins Sans Frontières (MSF), les Midis du MIE, la TIMMY – Soutien aux Mineurs Exilés et Utopia 56, nous permettons aujourd’hui d’attirer une nouvelle fois votre attention sur la situation particulièrement inquiétante des mineur.e.s non-accompagné.e.s (MNA) en France, plus particulièrement à Paris. En effet, malgré nos nombreuses alertes, nous n’avons pas constaté d’avancée significative sur la question de la prise en charge de ceux et celles en recours. A la suite du campement du square Jules Ferry, qui a regroupé une centaine de ces jeunes à la rue pendant cinq semaines l’été dernier, la Mairie de Paris s’était engagée à créer un dispositif leur proposant une prise en charge réelle, c’est-à-dire un hébergement adapté à leur vulnérabilité ainsi qu’un accompagnement éducatif, sanitaire et social, et ce jusqu’à la décision judiciaire finale statuant sur leur situation.
En décembre, Madame Versini a communiqué par voie de presse sur l’ouverture d’un tel dispositif. Mais si un centre a bel et bien vu le jour, celui-ci est loin de répondre tant à la réalité des besoins qu’aux engagements de la Mairie de Paris. Il compte en effet seulement 40 places alors qu’il devait être prévu pour les 100 jeunes du campement Jules Ferry. De plus, les inclusions et leurs critères sont entourés de la plus grande opacité, nous avons appris, entre autres, que des jeunes majeurs avaient intégré le dispositif. Aussi, les MNA y étant accueillis semblent l’être sans aucune continuité dans leur suivi médical, scolaire et juridique, vos services ne s’étant jamais rapprochés de nos associations pour obtenir ces informations. Les associations et les mineur.e.s du square Jules Ferry ont donc attendu six mois pour aboutir à un dispositif sous-dimensionné qui ne répond pas au besoin de suivi pluridisciplinaire lié à leur grande vulnérabilité, contrairement à vos annonces.
Par ailleurs nous avions demandé au moment du campement, une réflexion de fond autour de la prise en charge et l’évaluation des MNA, incluant nos associations ainsi que les services de l’Etat compétents et la Mairie de Paris, qui s’y était alors engagée. Malgré nos relances, nous n’avons eu aucun retour sur cette question depuis juillet 2020. A l’heure où une enquête doit être ouverte par plusieurs ministères à propos de l’accueil des MNA, nous demandons en effet à repenser complètement les modalités d’évaluation de ces adolescents.e.s. Selon les différentes sources, en moyenne plus de 75% de ceux/celles arrivant en Ile de France sont refusé.e.s et renvoyé.e.s à la rue suite aux évaluations conduites par ses départements.
Pourtant, plus de la moitié des jeunes en recours accompagné.e.s par nos associations, sont finalement reconnu.e.s mineur.e.s par un juge des enfants ou la cour d’appel, ce qui représente des centaines de mineur.e.s laissé.e.s par erreur à la rue pendant de longs mois, voire années. Il est donc urgent de questionner la fiabilité des évaluations subies par ces jeunes, et proposer une protection adaptée à ceux/celles qui engagent un recours en justice pour en contester les conclusions.