Evacuation du campement Jules Ferry : une première étape vers une prise en charge pérenne des mineurs non accompagnés

Démantèlement du camp dans le square Jules Ferry, 11ème arrondissement  de Paris, le 4 août 2020.
Démantèlement du camp dans le square Jules Ferry, 11ème arrondissement  de Paris, le 4 août 2020. © MSF

Aujourd’hui, les jeunes étrangers se déclarant mineurs et non accompagnés qui campaient depuis le 29 juin dans le square Jules Ferry à Paris ont été mis à l’abri dans un gymnase par les pouvoirs publics, une solution temporaire le temps que la Ville de Paris en lien avec l’Etat organise une prise en charge plus pérenne. 

Soutenus par le Comité pour la santé des exilé.e.s (Comede), Médecins Sans Frontières (MSF), les Midis du MIE, TIMMY – Soutien aux Mineurs Exilés et Utopia 56, ces adolescents au parcours de vie souvent difficile ont cohabité durant plus d’un mois dans ce campement aux faux airs de colonie de vacances du 11ème arrondissement pour faire valoir leur droit à une prise en charge par les Conseils Départementaux, qui les avaient abandonnés à une vie d’errance à la rue. En recours devant le juge des enfants pour faire reconnaitre leur situation après une première évaluation défavorable, ils dépendaient de l’engagement de bénévoles et d’associations pour se nourrir, se soigner, et tout simplement survivre.

Après une longue période d’attente et des semaines de discussions entre nos associations et les pouvoirs publics, une solution s’est donc enfin dessinée avec la volonté de la Ville de Paris, avec un co-financement de l’Etat, d’ouvrir une structure dédiée spécifiquement à la prise en charge des mineurs non accompagnés en recours devant le juge des enfants. Dans l’attente de l’ouverture d’un tel dispositif, qui serait une première en France, les jeunes ont été évacués par les services de la Préfecture pour être temporairement hébergés dans le gymnase Japy dans le 11e arrondissement.

« Pour l’instant, nous ignorons les détails de la prise en charge annoncée par la Ville de Paris pour les mineurs non accompagnés en recours ainsi que la date à laquelle la structure d’accueil qui leur sera dédiée pourrait ouvrir ses portes. Cela représenterait bien sûr une avancée significative dans la bataille menée depuis des années pour faire appliquer le respect de la présomption de minorité  et pousser les Conseils Départementaux responsable de la protection de l’enfance à assumer leurs responsabilités et réellement accompagner ces jeunes jusqu’à la décision judiciaire finale statuant sur leur situation. Il faut maintenant veiller à ce que ça se concrétise le plus rapidement possible ! », explique Corinne Torre, cheffe de mission MSF en France.

48 jeunes ont été temporairement mis à l’abri dans le gymnase Japy et 30 ont été placés en hébergement hôtelier en raison de leur état de santé et de vulnérabilités spécifiques. Pour enfin sortir du cycle de précarité dans lequel l’abandon des pouvoirs publics les ont poussés, ils ont besoin d’un hébergement adapté, d’un accès aux soins, à la nourriture, et d’un accompagnement éducatif et social.

« Il est essentiel pour MSF de suivre ces jeunes, qui sont ballotés et rejetés depuis des mois en France, d’assurer une continuité des soins notamment de santé mentale. Nous resterons vigilants : il est hors de question de les abandonner et qu’ils soient remis à la rue dans quelques semaines », déclare Corinne Torre.

Notes

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