Angola - Deux rapports de MSF sur la situation des survivants de la guerre

Kadir van Lohuizen / Noor
© Kadir van Lohuizen / Noor © Kadir van Lohuizen Noor

MSF a rendu public le 10 octobre dernier deux rapports qui décrivent la vie d'une partie de la population civile angolaise otage de la guerre depuis 1998.

Rony Brauman, ancien président de MSF et actuellement directeur de recherches à la Fondation MSF, était présent à Luanda pour la sortie de ce rapport. Il réaffirme l'importance de porter témoignage de la situation de ces populations pendant ces années de guerre et s'interroge sur leur avenir.


La survie, toujours, pour des dizaines de milliers de personnes.
"Le but premier du recueil de témoignage est de comprendre les problèmes, les situations subies par ces populations et tenter d'y apporter des réponses". La première réponse est l'information : "Il s'agit de mettre cette information à la disposition des Angolais, qui en feront ce qu'ils veulent", explique Rony Brauman. "L'objectif principal est de porter à la connaissances de tous les informations sur les conditions dans lesquelles ont vécu une population civile prise dans la guerre entre 1998 et 2002."

Les rapports, à travers les témoignages recueillis, mettent en avant trois types de populations : celles qui ont été captives de l'Unita, celles qui ont été captives des forces gouvernementales et celles qui ont fui dans la forêt et qui ont réussi à se cacher. Toutes, à des degrés divers, présentent des signes d'épuisement physique et moral ainsi que, pour une partie de ces populations, des signes graves de malnutrition.

Les violences subies appartiennent à trois grandes catégories : les abus sexuels, les meurtres, et la destruction de biens. "Dans certains cas, les populations civiles ont pu recevoir de l'aide des combattants, mais, pour la très vaste majorité de la population, les soldats représentaient une menace, voire un danger de mort."

"Il était important, pour MSF de ne pas garder pour nous ces témoignages qui appartiennent à l'histoire des Angolais. Cette histoire devra être, à un moment ou à un autre, reprise et discutée par les gens concernés. Car ce passé récent soulève des inquiétudes graves pour le présent" explique Rony Brauman. La question posée par ces rapports est de savoir si les logiques de violence vont continuer à prévaloir aujourd'hui.

Des dizaines de milliers de personnes sont dans des sites encore très précaires aujourd'hui et, même si la situation d'une partie d'entre eux s'est stabilisée, les ONG découvrent régulièrement de nouvelles poches de famine. Ces régions sont quasiment abandonnées et, à l'amorce de la saison des pluies, leur situation est d'autant plus critique. "Lorsque la saison des pluies sera plus avancée, 50% des zones ou nous travaillons seront inaccessibles."

Aujourd'hui, un effort doit être fait par le gouvernement et les agences internationales pour augmenter les stocks de nourritures dans les zones qui seront bientôt rendues inaccessibles par les pluies, mais aussi pour réparer, même partiellement, un certain nombre de voie d'accès.

La ré-installation des déplacés est aussi une source d'inquiétude. 27 années de guerre ont déplacé plus d'un quart de la population. Rony Brauman s'inquiète des conditions de leur réinstallation, en précisant que "l'effort de réinstallation doit se faire selon les normes établies par le gouvernent angolais, qui sont d'excellentes normes."

Si les rapports publiés par MSF montrent comment ces populations civiles angolaises ont été sacrifiées à la guerre, ils posent aussi une question cruciale: les survivants risquent-ils ou non d'être sacrifiés à la paix ? "C'est ce risque que nous voulons contribuer à réduire aujourd'hui."

 

Notes

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