« J'étais pompier. Le 15 janvier, on a été appelés dans un quartier de la ville de Gaza qui était bombardé. Un char a tiré sur l'immeuble où nous intervenions.
Après le choc, je suis resté conscient. J'ai vu que mes deux jambes avaient été arrachées, ça saignait beaucoup, mais je n'avais pas mal, je ne sentais plus rien. Et je me disais "merci mon Dieu, je suis vivant." Toute mon équipe était blessée, on a tous été amputés.
J'ai reçu 24 unités de sang pendant mon opération à l'hôpital Shifa. Puis j'ai été envoyé en Egypte en ambulance où on m'a posé deux fixateurs externes car mes deux bras étaient fracturés. Je suis resté 50 jours là-bas.
Il y a 6 mois, j'ai été suivi par le biais des dispensaires mobiles de MSF : comme je souffrais de blessures multiples je ne pouvais pas me déplacer.
J'ai depuis repris une vie « normale », je revois mes amis, mais je ne serai plus jamais pompier. Si je peux obtenir des prothèses, alors peut-être que je pourrai retourner travailler en bureau à défaut d'être sur le terrain.
En Egypte, des médecins spécialisés ont pris mes mesures. Il y a un mois, j'ai reçu un appel me disant que mes jambes sont prêtes.
J'ai fait la demande pour sortir de la bande de Gaza, pour aller les chercher. C'était il y a 2 mois. J'attends la réponse. Je suis aussi inscrit sur la liste d'attente du seul centre de fabrication de prothèses de Gaza.
Je ne ressens pas de colère. Je suis résigné. Même si j'espère de tout mon cœur qu'il n'y aura plus jamais une guerre comme celle de janvier, pour moi rien n'a changé dans la bande de Gaza.
La situation y est toujours aussi difficile. Comme elle l'était déjà avant. Néanmoins je ne partirai pas, je suis chez moi, je resterai à Gaza »
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