Bande de Gaza : portraits de patients

Jamila Mohammed et Zainab sont trois jeunes patients pris en charge par MSF. Leurs histoires illustrent les répercussions médicales que l\'embargo peut occasionner sur l\'état de santé des populations : besoins mal pourvus retards de soins gravité de

Jamila, Mohammed et Zainab sont trois jeunes patients pris en charge par MSF. Leurs histoires illustrent les répercussions médicales que l\'embargo peut occasionner sur l\'état de santé des populations : besoins mal-pourvus, retards de soins, gravité des blessures.

Jamila a 16 ans. Elle a été blessée le 10 janvier 2009, pendant l'offensive militaire israélienne « Plomb durci ». Prise en charge à l'hôpital Shifa, elle a dû être amputée des deux jambes. De là elle a été envoyée en Slovénie où elle a reçu des prothèses. Mais celles-ci ne sont pas adaptées à sa morphologie et à celle de ses moignons. Jamila ne peut marcher qu'avec des béquilles, au prix de beaucoup d'efforts et de douleurs. Pour monter les quelques marches de la clinique de soins de réhabilitation MSF et s'asseoir en salle d'attente, deux personnes doivent la soutenir. Elle a demandé à être prise en charge par l'unique centre de prothèses de Gaza, mais elle n'est pas une priorité : aujourd'hui à Gaza, beaucoup d'autres personnes amputées attendent toujours d'être appareillées. Depuis plusieurs mois, MSF suit Jamila. Les séances de kinésithérapie menées nos équipes sont indispensables pour patients amputés en attente de prothèses. Elles permettent de renforcer les muscles, d'éviter leur contracture et préparent le moignon à recevoir un membre artificiel.


Mohammed a 14 ans et en paraît 10. Il a été blessé à la jambe gauche en avril 2010, pendant une incursion militaire israélienne. Opéré deux fois en Israël, il a depuis développé une infection osseuse qui nécessiterait une nouvelle intervention chirurgicale, impossible à effectuer dans la bande de Gaza faute de moyens et de personnel spécialisé. Manuel, psychologue MSF suit ce patient : « Le problème est qu'il a besoin de cette opération en urgence car depuis deux mois l'infection empire. S'il ne sort pas rapidement de Gaza, il sera amputé ». Or, tous les efforts de sa famille pour obtenir l'autorisation de le sortir de la bande de Gaza pour être pris en charge à l'étranger étaient refusées. Traumatisé, ne pouvant plus vivre une vie normale, Mohammed était de plus très stressé par la peur de perdre sa jambe. Un hôpital en Jordanie ayant accepté de le prendre en charge, mi-septembre 2010, la famille de Mohammed réunit à nouveau tous les papiers et leur requête est enfin acceptée. Mais cet accord arrive peut être trop tard : actuellement hospitalisé en Jordanie, Mohammed n'a toujours pas pu être opéré, l'infection de sa jambe s'est étendue et interdit, pour le moment, tout acte chirurgical. Les soins psychologiques dispensés par MSF visent à accompagner des patients comme Mohammed, à les aider à surmonter leur traumatisme.

Vidéo "Gaza : la santé à l'épreuve de l'embargo"


Zainab a 7 ans. L'approvisionnement en fuel étant restreint par l'embargo, les coupures de courant sont quotidiennes à Gaza. Le 24 juillet dernier, une bougie allumée suite à une coupure d'électricité a mis le feu à la maison de Zainab. Ce sont les voisins qui l'ont sauvée. Aujourd'hui, Zainab a les deux jambes entièrement brûlées. Elle ne peut plus se tenir debout, ni marcher. Même s'asseoir est devenu très difficile et douloureux. Sa mère témoigne : « C'était une enfant gaie. Elle allait à l'école, avait des amis. Elle est devenue silencieuse, apathique, n'a plus envie de rien, ne veut plus voir personne, ne veut plus jouer. Elle a maigri, s'arrache les cheveux, appelle la nuit très angoissée ». Afin de prendre en charge ses blessures physiques et psychologiques, Zainab est désormais suivie dans les trois programmes menés par MSF dans la bande de Gaza : soins psychologiques, de réhabilitation et chirurgicaux.

Vidéo "Gaza : de nouveaux besoins en chirurgie"

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