Bande de Gaza : récit de mission du Dr Stefan Krieger, chirurgien de la main

Dr Stephen Krieger (à gauche) MSF et Dr Hassan Hamdan (à droite) Hopital Nasser travaillant ensemble au bloc en novembre 2011
Dr Stephen Krieger (à gauche), MSF, et Dr Hassan Hamdan (à droite), Hopital Nasser, travaillant ensemble au bloc, en novembre 2011 © Dr. Pierre FEISS/MSF

Le Dr Stephan Krieger, chirurgien de la main, a réalisé une mission pour MSF de trois semaines, du 21 novembre au 8 décembre 2011, à l’hôpital Nasser de Khan Younis, bande de Gaza. A raison de 4 à 5 opérations par jour, et en collaboration avec les équipes chirurgicales locales, 35 patients ont pu être opérés, notamment pour des séquelles liées à de graves brûlures.

En juillet 2010, MSF a signé un accord avec les autorités sanitaires locales et a ouvert un programme de chirurgie spécialisée à l’hôpital Nasser de Khan Younis, au sud de la bande de Gaza. Plusieurs fois par an, des équipes - composées de chirurgiens, d’infirmiers de bloc et d’anesthésistes - mènent des missions ponctuelles au cours desquelles elles travaillent en étroite collaboration avec les équipes de Nasser. Comme pour les autres activités menées par MSF à Gaza, l’objectif de ce programme chirurgical est de pallier les séquelles des patients blessés et de leur permettre de retrouver un usage aussi optimal que possible de leurs membres.

Pour le Dr. Krieger, cette mission est l’occasion de répondre au manque de soins médicaux spécialisés dans la bande de Gaza.
 

L’équipe opère dans l’hôpital de campagne mobile MSF qui a été installé en août dernier dans l’enceinte de l’hôpital Nasser. Ce dernier étant en réhabilitation, l’espace manque pour le moment. Du fait des fortes pluies de la semaine précédente, l’hôpital gonflable MSF a du être reconstruit et le sol de la tente surélevé avec des palettes en bois. Un autre défi en matière d’hygiène et de nuisance sonore a été la reconstruction en cours de la route longeant notre tente avec force soulèvement de poussière et le passage d’engins toutes les cinq minutes. En dehors de ces quelques inconvénients, tout le matériel médical dont j’ai eu besoin était disponible, l’hygiène ainsi que la stérilisation étaient très satisfaisantes et l’organisation et la logistique quotidienne des patients étaient très bien gérées par le personnel national. Toute la logistique chirurgicale était quant à elle assurée de main de maître par l’infirmière de bloc MSF.  L’esprit d'équipe était très motivant.

220 patients avaient déjà été identifiés par les équipes. Les consultations ont débuté le 23 novembre et étaient conduites en coopération avec le Dr. Hassan Hamdan, chef du service des brûlés de l’hôpital Nasser. Parmi ces 220 patients, et en accord avec nos critères d’inclusion, 56 ont été éligibles à la chirurgie. 80% des cas étaient des séquelles de brûlures, suivaient les déformations congénitales des mains et un cas de tumeur. 89% des patients opérés avaient moins de 18 ans, 36% étaient des femmes. Nous avons eu neuf jours pour opérer. On pouvait effectuer 4 à 5 interventions par jour et, au total, on a effectué 35 opérations. L’anesthésiste MSF était très expérimenté et même des anesthésies sur des très jeunes enfants ont été possibles. Les résultats fonctionnels obtenus sur les patients ont été très satisfaisants. Les protocoles d’hygiène ont été scrupuleusement respectés, notamment pour la préparation et la désinfection des patients avant l’opération, et nous n’avons eu aucun cas d’infection. La plupart des patients opérés de la main ont été ensuite suivis dans la clinique de soins de réhabilitation MSF. La gestion des pansements et des attelles ainsi que les sessions de kinésithérapie y étaient supervisés par les médecins et les kinésithérapeutes.  

Entre deux opérations, on pouvait faire des pansements ou des consultations pour de nouveaux patients. La coopération avec le Dr. Hamdan a été excellente. Ce dernier est très intéressé pour apprendre de nouvelles techniques.  Nous avons eu des échanges enrichissants et, en partant, je lui ai laissé mes manuels électroniques pour une lecture plus approfondie. La sécurité n’a pas posé problème durant le temps de ma mission, on pouvait se déplacer et aller travailler tous les jours. Même si des incidents avaient lieu pendant la nuit, cela n’a jamais affecté notre propre sécurité.

Je pense que MSF a de quoi faire en matière de chirurgie à Gaza, surtout en ce qui concerne la chirurgie de la main et la prise en charge des séquelles de brûlures. Cette mission était très bien et pleine de défis.

Le Dr. Krieger est revenu très satisfait du travail effectué à Gaza. Il souhaiterait même y retourner et recommande ce programme à d’autres chirurgiens. Trois autres spécialistes doivent venir sur Gaza d’ici la fin 2012 afin de finir d’écluser la liste d’attente de patients chirurgicaux. Ce type de missions ponctuelles représente aussi l’opportunité pour MSF et les spécialistes palestiniens d’échanger sur les techniques médicales, les procédures chirurgicales spécialisées et programmées, ainsi que sur les techniques d’anesthésie, notamment sur les jeunes enfants.

Notes

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