Bangladesh : une réduction drastique des rations alimentaires va menacer directement la vie des réfugiés Rohingyas

Plus d'un million de Rohingyas vivent actuellement dans les camps du district de Cox's Bazar, où ils continuent d’arriver après avoir fui les violences au Myanmar voisin. Le Programme alimentaire mondial (PAM) a annoncé des réductions drastiques inédites des rations alimentaires pour cette population réfugiée à partir d’avril. Les rations alimentaires mensuelles passeraient de 12 dollars par personne à 6 dollars. Les réfugiés rohingyas dépendent presque entièrement de l'aide humanitaire, y compris pour se nourrir. Ils n’ont en effet pratiquement aucune liberté de mouvement en dehors des camps, pas le droit d'avoir un emploi et aucune autre source légale de revenus.
Vickie Hawkins, directrice générale de MSF aux Pays Bas, revient sur les conséquences dramatiques de ces baisses de financement sur la population Rohingya :
« Plus d'un million de personnes sont menacées par des coupes budgétaires drastiques menaçant leur survie. La semaine dernière, le Programme alimentaire mondial a signalé qu'il prévoyait de réduire de moitié les rations alimentaires en raison d'un manque de financement. Nous parlons ici de plus d'un million de personnes apatrides, qui n'ont pas le droit de travailler, pas de terre et aucun autre moyen légal de subsistance pour se nourrir. Nous craignons vivement qu'une réduction des rations alimentaires ne fasse qu'aggraver la crise des réfugiés rohingyas et le sentiment de désespoir qui règne déjà dans les camps. De nombreux réfugiés nous disent leur peur que la situation déjà catastrophique et précaire dans laquelle ils survivent à peine ne fasse qu'empirer.
Les jeunes enfants vont être particulièrement exposés aux effets durables du retard de croissance : d'une part, leur croissance s'arrête en raison du manque de nourriture, et d'autre part, ils sont également plus sujets aux maladies lorsqu'ils sont mal nourris.
Cette annonce intervient à un moment où les personnes récemment arrivées dans les camps dépendent déjà des rations alimentaires d’autres personnes pour survivre. Selon les mots de Rahima, qui a récemment fui la violence au Myanmar et qui est hébergée par sa famille dans les camps, « Je suis un fardeau. Ils partagent leur maigre nourriture avec moi ».
Masuda, une autre femme rohingya, nous a raconté que les rations que sa famille et elle reçoivent, même actuellement, ne sont pas suffisantes.
Les Rohingyas ont été maintenus dans une situation de dépendance vis-à-vis de l’aide humanitaire. Les bailleurs, les gouvernements et les agences internationales doivent contribuer à combler le déficit de financement de 81 millions de dollars du programme alimentaire mondial. Nous appelons les bailleurs à s'engager à verser des fonds d'urgence d'ici avril afin de garantir des rations alimentaires vitales aux réfugiés, les gouvernements à intensifier l'aide humanitaire à court terme pour répondre aux besoins urgents, et les agences internationales à unir leurs forces avec les organisations de sécurité alimentaire et de nutrition pour garantir un déploiement rapide et transparent des ressources. Nous savons aujourd'hui qu'il sera plus difficile que jamais de mobiliser ces ressources, mais il faut trouver un moyen, car refuser l'aide humanitaire à une population qui a été délibérément maintenue dans une situation de dépendance est absolument inadmissible. »