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Gaza : un rapport de MSF dénonce la campagne
de destruction totale menée par Israël

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Bombardements à Gaza : « Les urgences se sont remplies en quelques minutes »

Des membres des équipes MSF de Gaza chargent un camion pour effectuer des donations aux hôpitaux. Palestine. 2022.
Des membres des équipes MSF de Gaza chargent un camion pour effectuer des donations aux hôpitaux. Palestine. 2022. © MSF

Entre le 5 et le 8 août 2022, l’armée israélienne a conduit une nouvelle offensive militaire sur la bande de Gaza. Selon les Nations unies, 49 Gazaouis ont été tués, dont 17 enfants. Les équipes de Médecins Sans Frontières, qui ont participé à la prise en charge des blessés, ont recueilli le témoignage de Gazaouis épuisés par ces opérations militaires.

Sakhar, trente ans et père de quatre enfants, dormait lorsqu'une bombe a frappé sa maison dans la ville de Gaza. Il a perdu connaissance, avant d'être transporté à l'hôpital et de se rendre compte que sa famille et lui avaient survécu. Quelques jours après la fin de l’offensive israélienne, il est assis dans une chaise de la clinique MSF de Gaza et visionne sur son téléphone les photos envoyées par ses voisins. Ce sont des clichés de lui et de ses frères, gisant au sol, inconscients, couverts de sang et de poussière, mais vivants. 

 

C’est le deuxième bombardement auquel Sakhar réchappe. Le premier a eu lieu pendant la guerre de 2014. Ses blessures avaient nécessité des greffes de peau. Cette fois-ci, il souffre de coupures au dos, pour lesquelles il vient se faire soigner à la clinique MSF. Ses frères sont à ses côtés, les pansements de leurs fractures et coupures viennent d'être changés. Ils font partie des quelque 350 Gazaouis qui ont été victimes de cette offensive, dans un territoire qui compte déjà des milliers de personnes blessées ou handicapées à la suite de l’une des cinq guerres qui ont touché Gaza ces 15 dernières années.

Mahmoud a 22 ans. C’est le plus grand des frères de Sakhar. Il se remémore la manière dont leur vie a été façonnée par la guerre, malgré des déplacements répétés de quartier en quartier pour échapper à la destruction. « J’avais 8 ans lors de la guerre de 2008. Nous avons entendu les explosions et vu les cadavres. En 2012, encore une fois, nous avons vu de nombreux blessés et morts, et j'ai perdu beaucoup de mes amis à l'époque. Puis pendant la guerre de 2014, notre maison a été endommagée », explique-t-il.

 

Mahmoud, 22 ans, blessé lors des bombardements de l'armée israélienne qui ont lieu dans la bande de Gaza. Palestine. 2022.
 © MSF
Mahmoud, 22 ans, blessé lors des bombardements de l'armée israélienne qui ont lieu dans la bande de Gaza. Palestine. 2022. © MSF

Le docteur Osama Tawfiq Hamad est anesthésiste. Il travaille pour MSF depuis 2019, et était présent à l’hôpital Al-Awda lorsque les bombes ont commencé à frapper Gaza le vendredi soir. « Les urgences se sont remplies en quelques minutes. 15 patients sont arrivés rapidement, dont 6 enfants. J’ai pris en charge l’un d’entre eux, touché par un éclat d’obus au crâne, et un autre, qui souffrait d’un hématome à la poitrine. Les deux avaient besoin d’une intervention médicale urgente, explique-t-il. À Gaza, à chaque fois qu'il y a une frappe aérienne, un grand nombre de blessés se rendent à l'hôpital en même temps. Il faut s’attendre à recevoir 50 patients ou plus à la fois. Dans ces moments-là, je suis en colère, mais il faut être fort et se concentrer sur son métier pour prendre ces personnes en charge. »

Shadi Al-Najjar, qui gère le service de physiothérapie de MSF à l'hôpital Al-Awda, mesure bien les conséquences de ces blessures sur la vie des patients : « Je reçois encore en consultation des patients touchés lors de l’offensive de mai 2021. Ils ont besoin de soins de rééducation et de physiothérapie. Notre service prend également en charge des personnes touchées lors de la violente répression des manifestants de la Grande marche du retour en 2018. Et nous nous préparons déjà à recevoir les patients d’août 2022. » 

La maison de Shadi Al-Najjar a été partiellement détruite le deuxième jour de l’offensive. Il a retrouvé son fils de 9 mois dans son berceau, en vie et sans blessure, entouré d’éclats de verre et d’obus. « Ma fille a été traumatisée par cet événement. Elle n’arrive pas à dormir, elle pleure tout le temps. J'essaie de soutenir ma famille autant que possible », explique-t-il.

Comme la fille de Shadi Al-Najjar, les enfants de Shakar souffrent encore des événements traumatisants qu’ils ont vécus. « Mon fils aîné a 5 ans et après cette offensive, il m'a demandé de faire en sorte que cette guerre s’arrête. Il crie toutes les nuits à cause de ses cauchemars, il se réveille et se met à courir. Je ne sais pas comment l'aider », déplore-t-il.

Le traumatisme de la violence répétée à Gaza a eu un impact perceptible sur la santé mentale des enfants et des parents. Selon l'Organisation mondiale de la Santé, en 2021, 82 % des adolescents de Gaza ont déclaré avoir un bien-être mental médiocre ou très médiocre. Les études des Nations unies indiquent, quant à elles, que plus de la moitié des enfants de Gaza auraient besoin d’une prise en charge en santé mentale.

Notes

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