Le système de santé est très fragilisé, la majorité des établissements médicaux dans les régions Sahel, Centre-Nord et Nord ayant fermé ou ne fonctionnant qu’a minima. Nous apportons aujourd’hui des soins médicaux dans plusieurs localités comme Barsalogho, Djibo, Ouahigouya, Titao ou Ouindigui et ce sont souvent des opérations très compliquées à développer en raison des enjeux sécuritaires. Nous travaillons avec de petites équipes, certaines sont cantonnées en ville faute d’accès au-delà. Dans d’autres zones, comme la boucle du Mouhoun où nous préparons une campagne de vaccination contre la rougeole ciblant 120 000 enfants dans les districts de Dédougou et Boromo, nous circulons plus facilement, même si le risque d’une détérioration rapide est bien présent.
Enfin, il y a tout un pan de la population exposée aux violences, vivant dans des zones où l’activité militaire est intense, et à laquelle nous n’arrivons pas du tout à accéder. Nous n’avons pas le minimum de garanties de sécurité requis pour nous rendre dans ces zones, pour évaluer les besoins et y répondre en fonction ; c’est le cas par exemple des localités de Bahn et Solé proches de la frontière malienne au nord de Titao.
La situation humanitaire est déjà alarmante, et il y a de fortes chances que cela s’aggrave avec l’arrivée à partir de juin du pic saisonnier de paludisme et de la période de soudure alimentaire. Ce scénario catastrophe est-il évitable ?
L’éviter est en tout cas notre priorité. Il faut bien sûr continuer à développer notre ancrage, nos réseaux et notre proximité avec les populations pour tenter d’accéder à plus de zones et apporter de l’aide partout où c’est nécessaire. Mais il y a déjà des centaines de milliers de personnes que l’on peut atteindre, sans attendre, dans des localités et des camps où la gestion de la sécurité est certes compliquée mais permet encore d’y déployer des activités humanitaires.