Au Cambodge, huit ans après avoir introduit les premiers médicaments anti-rétroviraux, MSF transfère ses activités de prise en charge du VIH/ sida aux autorités sanitaires cambodgiennes qui souhaitent désormais assurer la prise en charge des patients atteints du VIH/ sida.
C'était en 2001, Médecins Sans Frontières commençait à traiter les patients VIH/sida à Phnom Penh. Il n'existait pas alors de programme national de lutte contre le sida. Les équipes MSF ont donc introduit les médicaments antirétroviraux.
Elles ont ensuite étendu leur domaine d'intervention pour traiter un nombre croissant de patients non seulement dans la capitale cambodgienne, mais aussi dans la ville de Kampong Cham, située dans le nord-est du pays.
Passation. Maintenant MSF se retire de ces programmes pour les confier aux autorités sanitaires. Ce processus de passation a d'abord été amorcé à Kampong Cham et ensuite à Phnom Penh.
Fin 2008, la cohorte de patients atteints du sida qui étaient soignés par les équipes MSF dans l'hôpital de Kampong Cham a été transférée aux autorités nationales, soit au total 1782 patients, dont 1450 se trouvaient sous traitement anti-rétroviral (ARV).
Stratégie de décentralisation. Pour la prise en charge des patients VIH/sida, les autorités sanitaires avaient mis en place une stratégie de décentralisation afin que les patients puissent être traités dans le centre dont ils dépendent géographiquement.
Kampong Cham. La province dispose de quatre centres ARV pour une population de deux millions d'habitants, ce qui est tout à fait suffisant vu la faible prévalence du sida au Cambodge (0,9 % en 2007). De plus, les autorités y assurent désormais la prise en charge des patients VIH/sida, comme elles le souhaitaient.
La situation politique s'étant stabilisée, le Cambodge dispose de capacités qui ne cessent de se développer pour gérer ces centres ARV, notamment du personnel médical adéquat, ainsi que de financements étrangers via le Fonds global. Le ministère de la Santé a dispensé à des médecins une formation théorique à la prise en charge du VIH.
De notre côté, à MSF, nous avons partagé notre expérience avec les médecins et transféré notre pratique médicale dans ce domaine. Nous avons aussi participé à la formation des infirmières au counselling, autrement dit au soutien des patients pour qu'ils adhèrent bien au traitement.
Transferts. Il restait ensuite quelques activités périphériques à transférer, comme l'approvisionnement en médicaments ou la gestion de la base de données nécessaire pour suivre l'évolution de la cohorte de patients. Enfin, deux médecins MSF ont apporté leur soutien aux pédiatres pour qu'ils puissent assurer les consultations des enfants atteints du VIH/ sida.
La passation a ainsi été achevée en mars dernier et MSF a fermé son programme VIH/sida dans l'hôpital de Kampong Cham.
L'équipe est toutefois restée sur place pour prendre en charge d'autres patients, ceux infectés la fois par le VIH/ sida et la tuberculose et les personnes atteintes de tuberculose multirésistante. Car la prévalence de la tuberculose est très forte au Cambodge, elle est même la plus élevée de tous les pays d'Asie du Sud-Est.
Phnom Penh. Le processus de passation a été lancé dans l'hôpital de l'Amitié khméro-soviétique. Les médecins du ministère de la Santé avec lesquels nous travaillons ayant déjà acquis une grande expérience dans la prise en charge du VIH et de ses complications, ils sont à même de prendre en charge les 3700 patients actuellement dans la cohorte ainsi que l'hospitalisation des patients les plus sévères.
MSF prévoit de passer le relais de ces deux composantes du programme (VIH et co-infection VIH/tuberculose multirésistante) aux autorités sanitaires fin 2009, soit huit ans après avoir donné pour la première fois aux patients atteints du sida au Cambodge un traitement antirétroviral.