Le témoigne de Sym T.
Sym T. a 36 ans. Elle est veuve, mais dit ne pas connaître le statut
sérologique de son mari. Ses 3 enfants sont séronégatifs. Aujourd'hui,
elle ne travaille plus, auparavant, elle vendait des légumes et gagnait
environ 150.000 riels par mois (37,5$). Personne dans son entourage ne
sait qu'elle est séropositive. Aujourd'hui, elle vient pour la première
visite ARV, après que l'équipe médicale ait décidé de commencer une
trithérapie.
Sym
T. est vraiment très heureuse aujourd'hui. Elle vient d'apprendre
qu'elle va recevoir des ARV. Cela fait 8 mois qu'elle est suivie dans
le service. Elle s'est fait tester et est venue consulter dans le
service parce que son cousin, lui aussi était malade. Il est venu à
l'hôpital, mais c'était trop tard pour lui., dit-elle. Il a trop
attendu, elle, elle a voulu venir le plus tôt possible pour avoir le
plus de chances d'être soignée. Car elle a trois enfants de 17, 13 et
10 ans. Ils sont séronégatifs. Mais elle est complètement dépendante de
sa mère pour vivre. Et la famille ne dispose pas de beaucoup de
revenus.
Sa mère, tous les jours, cuisine un panier de gâteaux qu'elle vend dans la rue. "Mais un petit panier de gâteaux, ce n'est pas beaucoup pour nourrir toute une famille", explique-t-elle.
Elle a compris que le nouveau traitement qu'on lui propose, les
antirétroviraux, vont lui permettre de mieux vivre. Elle pourra ainsi
recommencer à travailler.
Oui, aujourd'hui elle est heureuse. Car elle ne pensait pas qu'un jour, elle pourrait avoir ces médicaments. "Ils sont si chers", explique-t-elle.
Le travailleur social lui explique que les médicaments vont, de toutes
façons, lui être donnés gratuitement. Sym T. parle vite, avec
enthousiasme, elle rit. Et puis, à la fin de l'entretien, elle se met à
pleurer à chaudes larmes. "Je suis si heureuse de cette nouvelle" explique-t-elle.
Le sida au Cambodge
L'épidémie
est devenue une priorité nationale pour les autorités et les bailleurs
de fonds qui répondent largement présents, surtout pour les activités
de prévention et d'éducation ciblant les groupes à risque. En
conséquence la prévalence a décru pour atteindre, en 2002, 2.6% de la
population des 15-49 ans.
Aujourd'hui, 157 000 personnes vivent avec le sida au Cambodge, sur une population de 11,5 millions d'habitants.
Le programme MSF
A Phnom Penh
L'équipe
MSF dans le service des maladies infectieuses de l'hôpital propose une
consultation VIH pour les patients séropositifs ; prise en charge
globale des patients hospitalisés ; et le traitement par trithérapies
pour les patients HIV/sida, en commençant par les personnes qui sont le
plus à risque de mourir.
Début 2003, l'objectif des équipes
était de mettre sous traitement 700 personnes d'ici la fin 2003. Cet
objectif a largement été dépassé puisque plus de 1000 patients auront
débuté une trithérapie fin 2003, dont 36 enfants. En moyenne, 50 à 60
nouveaux patients par mois bénéficient d'une trithérapie.
4000
patients (contre 3007 en 2002 et 1800 en 2001) constituent la file
active (c'est-à-dire les personnes malades en attente de traitement).
Les trois premiers mois de l'année ont vu plus de 250 nouveaux patients
par mois se présenter à la consultation. 6646 consultations ont été
réalisées au cours du 3ème trimestre.
A Kompong Cham
En
2002, MSF a ouvert une consultation VIH dans l'hôpital provincial de
Kompong Cham, à 80 km au nord-est de la capitale, afin d'offrir un
accès aux soins en province pour les patients séropositifs. Après des
travaux de réhabilitation, les activités ont débuté en mai 2003. Début
novembre 2003, 21 adultes ont débuté le traitement et 100 patients
devraient en bénéficier fin 2003. L'objectif est de mettre sous
trithérapie 50 à 60 patients par mois et d'avoir ainsi 500 nouveaux
patients sous ARV fin 2004.
Perspectives
MSF
envisage un projet de partenariat avec des médecins Khmers exerçant
dans le privé pour l'ouverture d'un cabinet spécialisé "VIH/ARV". Ce
projet a pour objectif d'aider les médecins khmers dans leur
initiative, d'augmenter le nombre de personnes sous traitement et
d'aider à l'approvisionnement en médicaments de qualité.