Convoqués le lendemain à la gendarmerie pour y faire une déposition, ils ont été accusés publiquement d'avoir participé à une opération d'exfiltration d’un terroriste, falsifié des documents de voyage et de lui avoir donné une fausse identité.
Informées de ces accusations et de l'arrestation, les équipes de MSF - persuadées qu’il s’agissait d’un malentendu - ont contacté les autorités pour indiquer qu'elles avaient suivi scrupuleusement la procédure administrative convenue avec les autorités. Aucune des explications fournies par MSF, par le service d’assistance juridique offert à Marguerite et Ashu, ni la propre version des événements rapportés par ces derniers, n'ont permis leur libération.
À plusieurs reprises, MSF a rappelé qu’ils avaient suivi la procédure établie lorsqu'un patient ne dispose pas de pièce d’identité. L’association a également rappelé que la prise en charge et le transfert de personnes blessées ou malades est la base du travail des organisations humanitaires dans des situations de conflit et de violences. Elle a aussi précisé qu’elle avait fourni jusqu’alors des soins aux blessés, en dépit de leur appartenance politique, qu’ils fassent partie des forces armées de l'État ou des groupes séparatistes.
L'assistance d'urgence aux personnes en danger de mort est protégée par la loi camerounaise. MSF a souligné que le transport et la prise en charge de blessés par balle ne constituaient par ailleurs qu’une partie mineure de son travail dans le sud-ouest du Cameroun.
Emprisonnés pour avoir fait leur travail d’humanitaire
Les numéros de contact de MSF sont connus dans la région, ils sont utilisés par la population en cas d'urgence. Cela permet de communiquer avec l’ensemble des parties impliquées dans le conflit, de garantir l'accès aux communautés et la sécurité des équipes. Au cours des derniers mois, MSF a fourni les clarifications nécessaires aux autorités camerounaises afin de soutenir la demande de libération immédiate de Marguerite et d’Ashu.
À la demande du Ministère de la Défense, une organisation camerounaise indépendante, le Mandela Center International, a publié un rapport dans lequel elle exonère de toute faute MSF et ses deux membres. Ce rapport demande également leur libération immédiate.