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Cameroun : MSF suspend ses activités dans le sud-ouest

Une équipe MSF arrive dans le village d'Enyenge, dans le sud-ouest du Cameroun, où une campagne de vaccination contre le choléra commence, le 17 février 2022.
Une équipe MSF arrive dans le village d'Enyenge, dans le sud-ouest du Cameroun, où une campagne de vaccination contre le choléra commence, le 17 février 2022. © Faith Toran/MSF

Médecins Sans Frontières (MSF) annonce officiellement la suspension de ses activités humanitaires dans le sud-ouest du Cameroun, trois mois après l’arrestation et la détention de quatre membres de son personnel. Depuis leur arrestation, aucun progrès significatif n’a été enregistré dans l’évolution du dossier. MSF a décidé de suspendre ses activités dans cette région à compter du 29 mars afin de se consacrer à l’obtention d’une libération en toute sécurité de ses collaborateurs.

Le 27 décembre 2021, deux membres du personnel de MSF ont été arrêtés après avoir référé un patient blessé par balle dont l’état de santé nécessitait une assistance urgente. L’ambulance dans laquelle ils transféraient ce patient avait été arrêtée au poste de contrôle de Nguti (sud-ouest du Cameroun). 

Lors de cette référence médicale, MSF avait suivi les procédures de notification humanitaire convenues avec les autorités. Malgré cela, nos collègues ont été mis en état d'arrestation et sont toujours en détention dans le cadre de la phase d'instruction à la prison de Buea. Ils font l'objet d'une enquête pour complicité de sécessionnisme, alors qu’ils ne faisaient qu’exercer leurs fonctions médicales. Dans les semaines qui ont suivi, deux autres collaborateurs MSF ont également été arrêtés par la gendarmerie.

Depuis le début de leur détention, nos quatre collègues bénéficient d’une assistance juridique et MSF est en communication constante avec eux et leurs familles.

Parallèlement aux procédures légales en cours, les représentants de MSF ont poursuivi leur dialogue avec les autorités camerounaises et d'autres parties prenantes, afin de fournir des informations et des éclaircissements sur nos activités et procédures médicales, et faciliter leur libération. A ce jour, les différentes démarches entamées n’ont abouti à aucune avancée significative du dossier, alors qu’en février, une organisation camerounaise indépendante avait, à la demande du ministère de la Défense, rendu un rapport sur ces détentions, exonérant MSF et ses collaborateurs de toute faute. Ce rapport concluait que l'organisation avait agi conformément à ses principes humanitaires et que nos collègues devaient être libérés immédiatement. 

« Nous nous trouvons dans une position intenable. D'un côté, nous fournissons une assistance médicale requise. De l’autre, les personnes qui fournissent cette assistance courent le risque d'être poursuivies dans le cadre de leurs activités médicales. Nous avons besoin que des conditions préalables soient en place pour nous permettre de mener nos activités dans un environnement sûr et sécurisé, et pouvoir ainsi remplir nos obligations vis-à-vis des patients, déclare Sylvain Groulx, responsable des programmes de MSF en Afrique centrale. MSF reste disponible pour poursuivre le dialogue avec les autorités afin de résoudre cette situation problématique au plus vite et ainsi pouvoir reprendre des activités médico-humanitaires. »

En tant qu'organisation médicale internationale, MSF fournit une assistance médicale impartiale à chaque patient dans le besoin, en respect de l'éthique médicale et du droit humanitaire international.  « Au Cameroun, comme ailleurs dans le monde, MSF est en contact avec tous les acteurs armés impliqués, étatiques ou non, et ce afin de garantir l'accès aux soins médicaux et à l'aide humanitaire essentielle, tout en assurant une sécurité maximale pour nos équipes et pour les patients, précise M. Groulx. Cela ne peut en aucun cas être considéré comme un manque d'impartialité ou un acte de collusion avec l'une ou l'autre des parties impliquées dans les violences en cours dans les régions anglophones. »

MSF travaille au Cameroun depuis 1984. Aujourd'hui, nous mettons en œuvre des projets de santé dans l'extrême nord du pays, dans le sud-ouest et à Yaoundé, en soutenant l'accès aux soins dans les communautés ou à l’hôpital grâce à la fourniture de soins chirurgicaux, de traitements contre le paludisme, ou encore contre la covid-19 et en assurant des activités de promotion de la santé. En 2020, nous avons traité plus d'un million de patients au Cameroun. En décembre 2020, nos activités médicales dans la région du Nord-Ouest ont été suspendues par les autorités et nous sommes toujours en dialogue pour y relancer notre assistance médicale. Depuis novembre 2021, MSF soutenait également le ministère de la Santé pour répondre à une épidémie de choléra qui faisait rage dans la région du Sud-Ouest du Cameroun. A compter de cette semaine, MSF n'a plus d'activités médicales dans aucune des régions anglophones du Cameroun. 

Notes

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