Centre Covid+ de Châtenay-Malabry, en Ile de France. L’ambulance arrive en silencieux, seul le gyrophare bleu s’active. L’A86 n’était pas vide, loin de là, c’est plutôt l’absence d’avions dans le ciel qui paraît étrange. L’ambulancier tire le frein à main et sort pour ouvrir la porte coulissante. « Allez, vous pouvez descendre, on est arrivé », lance-t-il au jeune homme trapu qui se tient assis à l’arrière avec son sac à dos sur les genoux, façon écolier. Masque et gants obligatoires, l’un des deux est troué au pouce.
L’homme vient d’Afghanistan ; enfin, il vient surtout d’un centre d’hébergement aux Lilas, dans le nord-est de Paris. Et c’est ça qui intéresse Elodie, infirmière, plantée sur sa chaise pliante, installée à deux pas de la prairie et en charge des admissions. La chaise à la mode camping et sa propriétaire se trouvent à l’entrée des Acacias, le bâtiment qui sert depuis quelques jours de centre de “desserrement” à Châtenay-Malabry, en banlieue parisienne sud. On les appelle aussi les centres Covid+, ces lieux qui accueillent et prennent en charge ceux qui vivent dans la précarité et qui ressentent les symptômes du coronavirus, cas positifs ou suspects.
La litanie des acronymes commence. CMU? Oui. « Vous avez le papier? » RSA, non, parce que « c’est fermé ». Comprendre que le dossier a été clôturé, pour des raisons qui resteront inconnues. La discussion se fait au soleil, en français. Il parle pashtou et anglais aussi ; il a été évacué d’un camp il y a quelques semaines, probablement celui d’Aubervilliers démantelé au petit matin du 24 mars dernier.