Ziad*, trente ans, suivi en psychothérapie par les équipes de Naplouse, explique résigné : « Nous ne pouvons jamais demander d’explications aux Israéliens, bien sûr. Alors, si j’apprends qu’un checkpoint volant a été installé, je pars simplement plus tôt de chez moi pour aller au travail. Mon employeur est compréhensif si nous arrivons en retard car les checkpoints volants sont fréquents. »
Et puis, il y a la question épineuse de la terre et de son administration. Depuis les accords d’Oslo II en 1995, la Cisjordanie répond à un découpage administratif entre zones A, B et C, répartissant le contrôle entre l’Autorité palestinienne et Israël. Ce découpage était initialement prévu pour une période transitoire de cinq ans, au terme desquels devait exister un État palestinien souverain. Aujourd’hui pourtant, vingt-trois ans après, ce découpage s’applique toujours, et l’État palestinien n’a toujours pas été ni créé ni reconnu.
Dans les faits de nombreux villages se retrouvent écartelés entre deux systèmes d’administration et de contrôle. « En dépit des zones A, B et C il y a de l’occupation partout, explique désabusé Jamal*, un patient de 38 ans, même si les soldats israéliens ne sont pas censés entrer en zone A, ils le font, parce qu’ils sont plus forts que nous. Qui va oser leur dire de ne pas entrer ? L’Autorité palestinienne ? Elle n’a aucun poids. »