Cisjordanie - Raisons hantées : En attendant la libération d'Adel

En attendant la libération d’Adel
En attendant la libération d’Adel © Juan Carlos Tomasi

Pendant une semaine, MSF publie chaque jour le récit de patients de Cisjordanie suivis dans le programme de soins psychologiques et victimes de la violence générée par la colonisation israélienne continue des Territoires palestiniens. En recueillant ces témoignages, MSF souhaite partager la réalité de la vie quotidienne des patients : des vies vécues sous occupation.

Adel est resté en grève de la faim pendant 105 jours. Il a fait cela en signe de protestation pour être maintenu en prison sans condamnation officielle et sans savoir quand il pourrait être libéré. Après six mois d’enfermement, il a de nouveau été condamné à une nouvelle période d’incarcération de six mois. Pendant dix ans, Adel a plusieurs fois été incarcéré par les autorités israéliennes ce qui lui a causé de nombreux problèmes de santé. Toutes ces années ont durement éprouvé sa famille.

Une psychologue MSF a rendu visite à sa famille lorsqu’Adel a commencé sa grève de la faim. Sa femme, Rania (32 ans) et sa mère Yousra (62 ans), étaient tristes et déprimées. Elles souffraient de troubles du sommeil. Adel et Rania ont quatre enfants, âgés de 6 mois à 13 ans. Tous, sauf un, sont nés alors que leur père était en prison. Lorsque Rania était enceinte, les Israéliens sont venus à son domicile. « Ils m’ont posé pleins de questions, ils ne voulaient pas me laisser tranquille. J'ai essayé d'être forte pour le bien de mes enfants », se souvient-elle. Parfois, une rumeur circulait sur le fait qu’Adel était en train d’agonir ou était mort. « C'était horrible pour tout le monde, mais surtout pour les enfants, raconte Rania. Ma belle-mère Yousra, qui pourtant est très forte, était parfois victime de spasmes violents, elle ne pouvait pas s'arrêter de pleurer, elle ne sortait plus de la maison, ne parlait plus parler à personne. On ne dormait pas la nuit. »

Les équipes de MSF ont commencé à travailler avec les deux femmes. Elles les ont amenées à exprimer leurs sentiments et leurs craintes. Les psychologues se sont aussi assurées que les nouvelles sur la santé d’Adel provenaient de sources fiables et crédibles.

Alors que les deux femmes commençaient seulement à aller mieux, des nouvelles inquiétantes sur la santé d’Adel ainsi que des incursions de l’armée et plusieurs arrestations dans le quartier ont provoqué de nouvelles crises d’angoisse. L’un des frères d’Adel a été victime d’un raid de l’armée israélienne en pleine nuit. Les soldats ont pris des photos de ses enfants alors qu’ils dormaient. Lorsque la nouvelle est parvenue à la famille de Rania, ses enfants étaient apeurés, ils se sentaient menacés.

Après avoir négocié un accord avec les autorités pénitentiaires israéliennes et après avoir reçu une condamnation administrative officielle, Adel a décidé de mettre un terme à sa grève de la faim. Son état s’est nettement amélioré et ce n’est qu’à ce moment-là que les membres de sa famille ont retrouvé un peu d’espoir et ont pu ainsi préparer au mieux son retour à la maison, après sa libération.

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► Retrouvez l'intégralité des témoignages de Cisjordanie dans notre dossier "Raisons hantées".

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