Conflit au Burkina Faso : le défi de l'accès à l'eau potable pour les populations déplacées

Des femmes se tiennent près d'une tente dans un site de personnes déplacées de la ville de Gorom Gorom. Burkina Faso. 2021. 
Des femmes se tiennent près d'une tente dans un site de personnes déplacées de la ville de Gorom Gorom. Burkina Faso. 2021.  © Noelie Sawadogo/MSF

Depuis 2018, les populations du nord et de l’est du Burkina Faso sont confrontées à un conflit armé qui a provoqué le déplacement de plus d’un million de personnes. Après avoir fui des attaques ou des combats, nombre de ces personnes déplacées sont désormais confrontées à des problèmes d’accès à l’eau potable, ce qui peut engendrer de nombreuses maladies, particulièrement dangereuses pour les enfants de moins de cinq ans. 

Aïssé Ouedraogo est arrivée à quatre heures du matin au point d’eau situé à quelques kilomètres de chez elle. Six heures plus tard, elle est à peine parvenue à remplir dix bidons de vingt litres d’eau propre. « Je ne peux prendre que ça. L’eau n’est pas suffisante dans la région et si j’en prends plus, il n’y en n’aura pas pour les autres », détaille Aïssé, qui a fui le village de Boulékessi, où ont eu lieu des attaques meurtrières en 2019.

Des dizaines de femmes comme Aïssé attendent leur tour chaque jour, pour remplir des bidons d’eau propre, dans ce point d’eau situé à Gorom Gorom, dans la région Sahel du Burkina Faso. Cette eau est nécessaire pour leurs besoins quotidiens, comme la cuisine ou les travaux domestiques. « Si on n’arrive pas à trouver d’eau, on est obligé de l’acheter et le bidon coûte 100 francs CFA (0,15 euro), ce qui est beaucoup pour nous. Parfois nous n’avons pas le choix et c’est très difficile », explique Aïssé.

Avant le conflit et l’arrivée des déplacés, la région Sahel du Burkina Faso avait déjà connu de fortes variations climatiques saisonnières, qui exercent une pression sur les faibles ressources en eau. On y compte désormais plus de 350 000 personnes déplacées, soit près d’un tiers de la population totale de cette région, et quelque 628 000 personnes qui ont besoin d’assistance en matière d’accès à l’eau, d’hygiène et d’assainissement.

Un point d'eau dans le village de Gorom Gorom. Burkina Faso. 2021. 
 © Noelie Sawadogo/MSF
Un point d'eau dans le village de Gorom Gorom. Burkina Faso. 2021.  © Noelie Sawadogo/MSF

Pendant la saison des pluies qui commence en juin, l’accès à l’eau devient plus facile, mais elle peut être source d’infections parasitaires, de maladies de la peau et de maladies hydriques comme la diarrhée. Dans la ville de Gorom Gorom, les équipes de MSF ont récemment construit un nouveau forage sur un site regroupant plus de 20 000 personnes déplacées. Ce forage, d’une capacité de production de 1 100 litres d’eau par heure, vient en complément de 7 autres forages que les équipes ont réparés dans la zone.

Entre janvier et mars 2021, les équipes médicales MSF ont également reçu, dans les centres de santé de Dori et de Gorom Gorom, plus de 1 200 enfants de moins de 5 ans souffrant de diarrhée. Dans la commune de Gorom Gorom, MSF fournit un appui technique et du personnel à l’hôpital de district et à deux autres centres de santé. Les équipes MSF sont aussi engagées dans la distribution de kits d’hygiène aux personnes récemment déplacées (composés de savon, de bidons et de comprimés de désinfection de l’eau) et leur prodiguent des conseils dans le domaine de la santé et de l’hygiène.

« L'accès à l'eau et aux services de base pour les populations déplacées et les populations autochtones dans la région Sahel, et dans de nombreuses régions du Burkina Faso, est un véritable défi, déclare Youssouf Aly Dembélé, chef de mission MSF. Une présence plus grande des organisations humanitaires est nécessaire pour répondre aux besoins médicaux et humanitaires croissants d'une population fortement affectée par le conflit ».

Notes

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