« Ce n'est pas une coïncidence si le Brésil souffre si durement, explique Ana de Lemos, directrice générale de MSF Brésil. Le coronavirus révèle un système de santé en proie à des inégalités structurelles : un grand nombre de personnes pauvres ou sans-abris sont exclues des soins, et des régions comme l’Amazonie souffrent de déficit d’investissement dans le domaine de la santé depuis des décennies. Les autorités régionales et locales ont fait des efforts immenses pour faire face à la pandémie, mais il y a un énorme décalage entre le gouvernement central et les régions au niveau de l’approche, des protocoles et des politiques de réponse. Dans sa communication publique, le gouvernement a parfois mis les décès dus au coronavirus sur le même plan que tout autre décès, voire les a traités avec une forme de désinvolture. Tout cela crée de la confusion, et affaiblit la réponse nationale. »
Les capacités de réponse à la pandémie sont quant à elles en train d’être détruites. « Lors de ma visite pour évaluer la situation, l'équipe de l'hôpital me disait que près de 100 % des patients qui nécessitaient des soins intensifs étaient décédés », explique le Dr. Janssens, coordinateur d'urgence MSF, à propos d’une évaluation dans la ville de Tefe, dans l'État d’Amazonas. Les travailleurs de santé sont en première ligne face à la maladie et une centaine d’infirmières meurent chaque mois des suites du coronavirus.
MSF a lancé six interventions d'urgence dans les États d'Amazonas et de Roraima, dans la grande région amazonienne, ainsi qu’à Rio de Janeiro et São Paulo. Certaines sont maintenant bien établies, comme à Manaus, la capitale de l'État d’Amazonas, et d’autres sont en phase de démarrage, en Amazonie rurale par exemple.