Côte d’Ivoire : Une aide médicale urgente à Abidjan et dans l'Ouest

Afflux de blessés dans l'hôpital d'Abobo Sud en Côte d'Ivoire le 17 mars 2011
Afflux de blessés dans l'hôpital d'Abobo Sud, en Côte d'Ivoire, le 17 mars 2011 © Didier Assal/MSF

À Abidjan, les populations prises au piège des violences se trouvent dans une situation humanitaire très inquiétante. Les déplacements dans la ville sont toujours très limités, voire impossibles en raison de l'insécurité.

Les patients sont dans la quasi-incapacité de rejoindre les hôpitaux et le personnel médical ne peut se déplacer, ni accéder aux patients. Il est très préoccupant que de nombreux blessés et patients atteints de maladies chroniques ou ayant besoin de soins d'urgence n'aient pas accès à des soins appropriés.

Une équipe de MSF travaille jour et nuit, en collaboration avec les autorités sanitaires, à l'hôpital d'Abobo Sud, la seule structure médicale fonctionnelle dans les quartiers nord d'Abidjan. Elle soigne 25 à 30 blessés en moyenne par jour, des personnes vivant à proximité qui arrivent par elles-mêmes ou sont amenées en charrette par des habitants du quartier. Car aucun service d'ambulance ne fonctionne.

Le 3 avril, MSF a pu fournir, via la Croix-Rouge ivoirienne, du matériel médical pour soigner 50 blessés à l'hôpital de Treichville, dans le sud d'Abidjan. Le 6 avril, MSF a fait de nouvelles donations à cet hôpital. Mais de nombreux hôpitaux de la ville n'ont pas été réapprovisionnés depuis plusieurs jours. Aussi dès que les conditions de sécurité le permettront, MSF organisera rapidement des distributions et apportera une aide médicale là où les besoins sont les plus urgents.

Le 7 avril, MSF a pu acheminer des anesthésiants et des perfusions à l'hôpital d'Abobo. Mais l'une des autres priorités est d'assurer la relève de l'équipe à l'hôpital d'Abobo Sud et de réapprovisionner l'hôpital en matériel médical avec les stocks qui se trouvent dans le sud d'Abidjan et à Bouaké.

La situation sécuritaire à Abidjan a également jeté sur les routes environ un million de personnes qui fuient vers le nord ou dans leur village d'origine.

Les équipes de MSF dispensent des soins de santé primaires et secondaires dans plusieurs localités dans l'ouest du pays où les populations ont été durement touchées par les violences.

Entre le 28 et le 31 mars, lorsque des affrontements ont opposé les forces pro-Ouattara aux troupes loyales à Laurent Gbagbo notamment à Guiglo, Doala, Duékoué, et Bloléquin, de nombreux blessés ont été soignés par MSF, par une équipe chirurgicale à Bangolo et une équipe médicale à Duékoué. Depuis que les combats ont cessé, de nouveaux blessés ont été soignés. Ceci témoigne d'une situation toujours confuse et suscite de vives inquiétudes quant à la poursuite de violences intercommunautaires. Entre le 28 mars et le 5 avril, MSF a pris en charge 285 blessés à l'hôpital de Duékoué et opéré 150 blessés à l'hôpital de Bangolo. MSF a également fourni du matériel médical à des hôpitaux de Danané et de Man.

Une équipe MSF donne par ailleurs des consultations dans un camp de personnes déplacées près de la Mission catholique dans la ville de Duékoué où certains quartiers ont été saccagés. Plus de 20 000 personnes déplacées ont trouvé refuge dans ce camp. Et parmi elles se trouvent des personnes arrivées en janvier qui ont très peur de sortir et ont besoin d'eau et de nourriture.

Les équipes de MSF dispensent également des soins de santé primaires dans le centre de santé de Cocoma à Duékoué et ont réhabilité le bloc opératoire de l'hôpital de Duékoué qui avait été pillé en décembre.

À Guiglo, 15 000 à 20 000 personnes déplacées vivent dans des familles d'accueil. MSF donne des consultations dans le centre de santé du quartier de Nicla ainsi que dans un camp situé près de l'église Nazareth, qui accueille 2000 personnes.

Des dispensaires mobiles sont organisés deux fois par semaine à Bangolo, Bin-Houyé, Gleupleu et Zouan-Hounien. Sur chaque site, 50 à 100 patients par jour reçoivent des soins de santé primaires.

De l'autre côté de la frontière, des dizaines de milliers d'Ivoiriens se sont réfugiés au Libéria dans le comté de Nimba. Ils sont pour la plupart dispersés dans les villages du comté et habitent dans des familles d'accueil. Cet afflux massif de populations crée une pression sur les communautés locales et sur les moyens déjà limités dont elles disposent pour accéder à des biens essentiels tels que l'eau et la nourriture.

Les Nations Unies ont installé dans le comté de Nimba un camp de réfugiés d'une capacité de 15 000 personnes. Environ 2000 personnes y vivent actuellement. Ces dernières semaines, des réfugiés ont pris la route du retour vers leur village et une nouvelle vague de réfugiés est arrivée dans le comté de Grand Gedeh, au sud de Nimba. Dans les deux comtés, des équipes de MSF organisent auprès des populations résidentes et réfugiées des dispensaires mobiles qui reçoivent en moyenne 80 patients par jour sur chaque site. Paludisme, diarrhée et infections respiratoires et cutanées sont les principales pathologies rencontrées.


Suite à la crise post-électorale, Médecins Sans Frontières a repris ses activités en Côte d'Ivoire en décembre 2010. Les équipes MSF apportent une aide médicale aux populations et soutiennent des hôpitaux dans différentes villes en Côte d'Ivoire ainsi que de l'autre côté de la frontière, au Libéria.

Actuellement, le personnel MSF compte 45 expatriés et 150 Ivoiriens en Côte d'Ivoire ainsi que 10 expatriés et 30 Libériens au Libéria.

 

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