Comment les équipes de MSF ont-elles été amenées à mettre en œuvre une mission de vaccination en Île-de-France ?
Nous avons lancé en juin 2021 notre activité de vaccination contre la Covid-19 auprès des personnes en situation de précarité, notamment les gens à la rue, les personnes vivant dans des centres d’hébergement d’urgence et des foyers de travailleurs migrants. Face à la lenteur de la vaccination des plus précaires, il y avait urgence à agir. C'est dans ce contexte que le ministère de la Santé et l’ARS nous ont directement sollicités pour participer à l’effort collectif.
Comment cette mission de vaccination a-t-elle été mise en place pour parvenir à toucher ces populations précaires ?
Au total, nous sommes intervenus dans 42 lieux différents selon deux modes complémentaires. D'une part en « fixe » à la Porte de la Villette, 5 jours sur 7. D'autre part en équipe mobile en nous rendant dans les centres d’hébergement d’urgence, les lieux de distribution alimentaire, les foyers de travailleurs migrants, des associations diverses, des accueils de jour, des domiciliations, des squats... En pratique, notre fonctionnement était celui d’un centre de vaccination classique mais la différence réside dans notre volonté « d’aller vers ». Nous sommes directement allés dans les lieux où vivent les personnes en situation de précarité, c’est ce qui a fait à nos yeux le succès de cette opération.
Quel bilan tirez-vous de cette mission ?
Dans les 42 lieux où nous avons procédé à des vaccinations, nous avons au total administré 10 811 doses, ce qui représente plus de 5 000 personnes qui ont maintenant un schéma vaccinal complet. Pour nous, la principale inconnue au début de l’activité résidait dans la nécessité de vacciner les personnes avec deux doses, et donc de savoir si les personnes allaient revenir pour leur deuxième injection. En faisant le bilan de la vaccination, on a constaté que quasiment 95% des personnes venues pour une première dose sont revenues, soit chez nous, soit dans un centre de vaccination, pour la seconde. Ce chiffre montre que les personnes en situation de précarité sont atteignables et sont effectivement concernées par la vaccination.