Soigner des blessés qui ne peuvent pas se rendre à l'hôpital, fournir
du matériel médical et des médicaments : l'équipe MSF à Gaza tente de poursuivre
son travail malgré tous les obstacles.
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L'hôpital de référence Al Shifa a d'énormes besoins en matériel médical et en personnel chirurgical. L'équipe MSF, qui a pu se rendre, les 13 et 14 janvier, à l'hôpital, a constaté que l'unité de soins intensifs tourne à plein. Dans la nuit du 12 au 13, 34 blessés sont arrivés à l'hôpital.
La majorité des urgences concernent des blessés graves et polytraumatisés, principalement touchés au thorax, à l'abdomen et au visage. Cette semaine, tous les lits du service étaient occupés. Le personnel hospitaliers de l'hôpital est débordés travaillant 24 heures sur 24.
Impossibilité de se déplacer pour les soignants comme pour les patients. Parce que les déplacements sont dangereux, de nombreux blessés n'atteignent pas les structures de santé.
Le cas d'une femme gravement blessée lors d'un bombardement à Jabalya est une histoire récurrente. Agée d'environ 60 ans, elle, a pu ramper jusqu'à sa maison mais n'a pas pu rejoindre l'hôpital. Son fils, lui, a été tué sur le coup.
MSF a donné du matériel et des médicaments à une infirmière palestinienne vivant près de chez elle. Selon une infirmière MSF qui a pu se rendre à son domicile, la patiente souffre de fractures et d'un traumatisme crânien. Elle devrait être hospitalisée mais, en raison des risques encourus, il est toujours impossible de l'amener à l'hôpital.
40 patients par jour pour les soins à domicile. Dès le 27 décembre, 19 membres du personnel palestinien de MSF (6 médecins et 13 infirmiers) munis de kits médicaux ont pu prodiguer des soins aux patients vivant dans leur voisinage. Grâce à cette organisation, nos équipes voient en moyenne 40 patients chaque jour sur l'ensemble de la bande de Gaza.
« Nos mouvements sont incroyablement limités. Tant que ce conflit durera, nous ne pourrons pas travailler correctement », explique Colin, infirmier MSF.
Sites de personnes déplacées. Nous avons pu aller dans des sites de regroupement de l'UNRWA (organisme des Nations Unies en charge des réfugiés palestiniens). Un des sites compte près de 2 500 déplacés. Et nous avons donné du matériel médical et des médicaments à des médecins qui se trouvent parmi eux.
Evaluation globale impossible. Mais, du fait de la situation sécuritaire, il est impossible pour nos équipes d'évaluer l'ampleur des besoins médicaux dans la bande de Gaza. « Parce que nous ne pouvons pas nous déplacer, il est très difficile d'évaluer les besoins», explique Cécile Barbou, coordinatrice médicale MSF à Gaza. « C'est un cauchemar ! On doit limiter nos déplacements au maximum pour éviter de courir trop de risques. Un acteur de santé mort ne sert à rien.»