Darfour - Niertiti : MSF forcée de partir en pleine épidémie de méningite

Camp de déplacés à proximité de Zalingei dans l'Ouest du Darfour novembre 2007
Camp de déplacés à proximité de Zalingei, dans l'Ouest du Darfour, novembre 2007 © Hayato Oguchi

Suite à l'ordre du gouvernement du Soudan a ordonné à Médecins Sans Frontières (MSF) d'évacuer tout son personnel international d'un certain nombre de ses programmes dans l'Ouest et le Sud Darfour le 4 mars au plus tard, la réponse pour lutter contre l'épidémie de méningite au pied du Djebel Mara est retardée. Les explications du Docteur Anne Loarec, de MSF.

Quelle est l'ampleur de l'épidémie de méningite en cours au pied du Djebel Mara ?

Depuis le 9 février, les équipes MSF ont reçu, à Niertiti, 17 cas suspects de méningite. Des examens en laboratoire ont confirmé l'apparition d'une épidémie au méningocoque A.

Les patients venaient de deux sites différents : d'une part Thur, à une demi-heure à l'est de Niertiti et d'autre part de plusieurs localités à l'intérieur du Djebel Mara. Le seuil épidémique est franchi à Thur.

Concernant le Djbel Mara, l'épidémie est au stade du seuil d'alerte mais le retrait de l'equipe de MSF ne permet plus de suivre la situation. C'est une maladie extrêmement grave, la mortalité s'élève de 5 à 10% si le malade a reçu rapidement le traitement adéquat.

En l'absence de traitement, la méningite bactérienne tue jusqu'à 50% des malades infectés. Les équipes MSF sur place estiment qu'il faut vacciner rapidement plus de 15 000 personnes à Thur et 25 000 dans le Djebel Mara.

Des actions en ce sens ont été entreprises pour que MSF puisse procéder rapidement à ces campagnes de vaccination. L'évacuation de 29 membres de l'équipe MSF, suite à l'ordre du gouvernement soudanais de retirer le personnel international, nous contraint à stopper ces plans d'action.

Les équipes de MSF sur place estiment qu'il faut vacciner rapidement plus de 15 000 personnes à Thur et 25 000 dans le Djebel Mara

Quels sont les risques d'aggravation de la situation ?

Premièrement, nous sommes en plein dans la saison sèche, favorable à la propagation de cette maladie. L'air sec, la poussière, le vent irritent la gorge, qui ne peut plus jouer son rôle de barrière et la bactérie pénètre plus aisément dans l'organisme.

Deuxièmement, à Thur, les personnes vivent dans une grande promiscuité, donc la contamination est facilitée. Et troisièmement, ces populations ne sont pas immunisées, le vaccin n'étant délivré qu'en période épidémique.

A Niertiti, les risques sont limités puisque MSF a mené une campagne de vaccination l'an dernier, à la même époque, dans cette ville, auprès de 20 000 personnes de 2 à 30 ans, suite à une épidémie.

Mais à Thur comme dans le Djebel Mara, la population n'a pas été vaccinée contre la méningite depuis plusieurs années et le vaccin n'est valable que trois ans. MSF avait prévu l'an dernier une campagne de vaccination contre la méningite dans le Djebel Mara mais n'a pas pu obtenir les autorisations nécessaires de la part des autorités sanitaires et de l'Organisation Mondiale de la Santé.

D'autres foyers épidémiques ont-ils été identifiés ?

Un autre foyer épidémique est déjà déclaré, dans le camp de Kalma, proche de Nyala, la capitale du Sud-Darfour, où vivent 90 000 déplacés. Ensuite, la situation semble egalement inquiétante autour de Golo dans le Djebel Mara. Il y a toujours des cas sporadiques mais en cette saison, l'augmentation du nombre de cas doit être suivie avec beaucoup de vigilance et tout retard dans le traitement entraîne une augmentation de la mortalité et tout retard dans la vaccination a pour conséquence une flambée du nombre de cas et l'apparition de nouveaux foyers.

Notes

    À lire aussi