Dans les centres nutritionnels thérapeutiques mis en place par MSF à Iriba, au Tchad, le niveau de malnutrition grimpe de semaine en semaine. A la mi-avril, trois ou quatre enfants sévèrement malnutris étaient pris en charge sur 7 jours. Ce nombre a maintenant augmenté fortement pour atteindre quelque 25 enfants chaque semaine.
La situation nutritionnelle est préoccupante pour les réfugiés à l'intérieur des camps. Ces camps installés par le Haut Commissariat aux Réfugiés des Nations unies (HCR) fonctionnent bien au-delà de leur capacité : plusieurs, conçus au départ pour 6.000 personnes, accueillent aujourd'hui plus du double de réfugiés. Les réserves de nourriture qui, initialement, étaient prévues pour 6.000 personnes, doivent désormais être réparties entre un bien plus grand nombre de personnes et sont donc insuffisantes.
L'approvisionnement en eau est aussi extrêmement problématique et des milliers de réfugiés n'ont pas accès à l'eau potable. Dans les centres de santé MSF installés à Tine, Birak et Iriba, un nombre croissant de personnes souffrent de diarrhée hémorragique. La situation est très préoccupante, particulièrement pour les nombreux enfants et adultes qui souffrent déjà de malnutrition. Le problème est exacerbé par le fait que dans la plupart des camps de réfugiés, les installations sanitaires sont tout à fait inadaptées. Dans un des camps, on compte seulement une latrine pour 400 réfugiés.
Les dizaines de milliers de réfugiés qui n'ont toujours pas été déplacés de la zone proche de la frontière vers des camps situés plus à l'intérieur du pays sont toujours menacés par les attaques des milices soudanaises parfois très violentes. Des groupes de milice traversent la frontière du Soudan vers le Tchad pour dépouiller les réfugiés de leurs biens et voler le bétail. Les réfugiés sont souvent blessés et même parfois tués au cours de ces raids transfrontaliers. Ils ne bénéficient d'aucune protection.
Bien que, depuis plusieurs mois déjà, le Haut Commissariat aux Réfugiés des Nations unies (HCR) et d'autres ONG internationales aient des équipes présentes au Tchad pour apporter une aide d'urgence, les évolutions sont lentes et laborieuses et la crise ne fait que s'intensifier. L'état de santé des réfugiés s'est déjà fortement dégradé car aucune distribution d'eau, de nourriture et d'abri n'a été organisée. Si des mesures drastiques ne sont pas prises immédiatement, le risque est énorme de voir la situation se dégrader davantage encore, surtout avec la saison des pluies qui approche.