URGENCE GAZA

Gaza : l’hôpital Nasser au bord de la rupture

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Fonds Régional Urgence Gaza

Chapo

Grâce à vous, nos équipes peuvent continuer d'agir pour sauver des vies dans la région de Gaza.

je donne au Fonds Régional d'Urgence Gaza

Dr Abou Abed Moughaisib, coordinateur médical MSF à Gaza

« On était samedi. Je jouais avec mes enfants. Vers onze heures, les bombardements aériens ont commencé, les fenêtres ont volé en éclats. La télé parlait d'une soixante d'endroits bombardés en même temps, de blessés, de morts...

Le coordinateur de projet m'a immédiatement téléphoné pour que nous nous rendions dans les hôpitaux. Nous sommes passés à la pharmacie MSF chercher de quoi composer des kits d'urgence : pansements, de quoi soigner les brûlures, des médicaments...

Nous avons établi et maintenu un contact, toutes les heures, avec certains hôpitaux et effectué des donations en fonction des besoins.

Les ambulances venaient chercher le matériel, même sous les bombardements. Nous, nous ne pouvions nous rendre que sur l'hôpital Al-Shifa, proche du bureau.

Les blessés y affluaient, il y avait beaucoup de morts, les morgues étaient pleines, les cadavres étaient déposés dans d'autres salles. Il y avait 35 patients pour les 20 lits de l'unité de soins intensifs.

Les urgences étaient elles aussi débordées, les blessés étaient stabilisés avant de partir en chirurgie. Dans les blocs il y avait jusqu'à trois opérations menées en même temps.

Dans l'urgence, beaucoup d'amputations ont été effectuées, 35 rien que le premier jour de la guerre. Le personnel manquait, ceux qui avaient pu rejoindre l'hôpital faisaient de leur mieux, ils étaient épuisés.


Très vite, on s'est demandés ce que l'on pouvait faire avec nos programmes réguliers. Nous avons donc décidé d'ouvrir la clinique de soins post-opératoires de Gaza, avec le personnel MSF vivant à proximité, pour pouvoir prendre en charge les soins des patients trop rapidement déchargés des hôpitaux.

Les morgues des hôpitaux étaient pleines. Dans les blocs il y avait jusqu'à trois opérations menées en même temps.

Nos autres structures, celles de soins post-opératoires de Khan Younis et notre clinique pédiatrique de Beit Lahia, n'ont pas pu être ouvertes du fait de la situation sécuritaire. Lorsque l'incursion terrestre a commencé, nous nous sommes rendus dans les écoles de l' UNRWA (agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens), pour évaluer les besoins des déplacés.

Parmi eux, il y avait des médecins, nous les avons équipés en matériel et en médicaments afin qu'ils assurent eux même les soins dans ces centres d'accueils bondés. Il n'y avait pas assez de latrines et de sérieux problèmes d'hygiène se posaient. Nous avons distribué de l'eau potable.

Les gens étaient paniqués, déprimés. Les enfants attendaient le cessez-le-feu pour aller aux toilettes tellement ils avaient peur.

Je n'ai jamais vécu une telle violence à Gaza. On ne s'attendait pas à cette guerre, pas du tout. Je me sens épuisé encore aujourd'hui. Je n'ai pas dormi de toute la guerre. Je ne vais pas mentir : j'étais terrorisé.

Quand ça bombardait, je téléphonais à ma femme et à mes enfants. C'était dur de gérer entre mes obligations professionnelles et ma vie de famille, mais cette dernière était ma priorité, clairement.

La première semaine, ma famille et moi sommes restés chez nous. Il y avait des tirs de roquette qui partaient d'à côté et des représailles par les avions F16. Je jouais avec mes enfants, pour les occuper, détourner leur attention. On se serrait les coudes avec ma femme, alors enceinte de 8 mois. On vivait dans la cuisine.

 

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