« Nous avions très peu d'informations à ce moment-là sur leur situation après avoir été délogés de force du bateaué, mais certaines personnes que nous avons soignées à bord du Nivin se sont retrouvées dans des centres de détention que nous visitons régulièrement. Avant l'assaut du navire, nous avons alerté les autorités libyennes et les organisations internationales sur l’urgence de trouver une solution qui permettrait d’éviter la violence et la détention - mais nos efforts sont restés vains. Cet incident illustre une nouvelle fois l’incapacité à protéger en Libye des personnes en quête de sécurité.
Les personnes à bord du Nivin n'auraient pas dû être renvoyées en Libye, mais dans un port sûr conformément aux lois internationales et maritimes. Ce qui leur est arrivé est scandaleux, moralement et légalement. Alors qu’ils essayaient de faire respecter leurs droits, alors qu’ils étaient les victimes, ils ont été traités comme des criminels. Je suis heureux que Forensic Oceanography et le Global Legal Action Network mettent aujourd’hui en lumière la chaîne des événements, et les responsabilités des différents acteurs impliqués, principalement l'Italie, pour rendre justice aux rescapés. Certains se trouvent toujours dans les centres de détention libyens en ce moment.
Cette situation tragique est le résultat de politiques délibérées des États visant à empêcher les réfugiés, les migrants et les demandeurs d'asile d'atteindre leurs territoiresà tout prix - y compris en les repoussant illégalement dans un pays où les abus sont non seulement nombreux, mais aussi connus et documentés », a déclaré Julien Raickman, chef de mission en Libye de septembre 2018 à septembre 2019.