Avant le débarquement forcé, entre le 11 et le 18 novembre, les équipes de MSF ont effectué plus de 90 consultations médicales à bord du Nivin. Elles ont pris en charge un grand nombre de brûlures causées par le mélange d’essence et d’eau de mer, d’infections cutanées et de douleurs généralisées. Elles ont également pu constater la détresse des passagers. Un patient a refusé d’être transféré vers un établissement de santé en Libye, déclarant qu’il préférait mourir à bord du cargo.
Quatorze personnes (y compris une mère et son bébé de quatre mois, des mineurs non accompagnés et des personnes légèrement blessées) ont quitté le navire le 14 novembre et ont été amenées dans un centre de détention où elles demeurent à ce jour, alors que le reste du groupe a été débarqué de force le 20 novembre. Parmi elles, une dizaine de personnes enregistrées auprès du HCR et des mineurs, parfois âgés de treize ans.
Ces personnes ont survécu à des périodes d’incarcération en Libye, soit au sein de centres de détention officiels du ministère de l’Intérieur (où croupissent près de 5 000 réfugiés et migrants auxquels les organisations internationales telles que MSF n’ont qu’un accès très limité), soit dans des lieux clandestins gérés par des trafiquants d’êtres humains qui recourent à la torture pour extorquer le plus d’argent possible à leurs prisonniers et à leurs familles. Les cicatrices observées par nos équipes sur de nombreux patients attestent du niveau de violence extrême auquel ils ont été confrontés.