Égypte : un centre de santé dédié au traitement des blessures des migrants

Une psychologue de Médecins Sans Frontières en discussion avec un patient dans la clinique MSF de Maadi. Egypte 2018.
Une psychologue de Médecins Sans Frontières en discussion avec un patient dans la clinique MSF de Maadi. Égypte 2018. © Sima Diab

L’Égypte est un pays d’accueil et de transit pour de nombreux migrants d’Afrique et du Moyen-Orient, dont le nombre a considérablement augmenté ces dernières années. En cause : les conflits et l’instabilité qui règnent en Syrie, en Irak, au Soudan, au Soudan du Sud, en Érythrée, en Somalie ou encore en Libye.

Que ce soit dans leur pays d’origine ou sur les routes qui mènent à l’Égypte, ils sont nombreux à avoir été victimes ou témoins de violences, qui leur ont causé des blessures physiques ou psychologiques.

Médecins Sans Frontières développe une approche multidisciplinaire pour offrir à ces hommes, ces femmes et ces enfants des soins dédiés dans un centre de santé spécialisé. Il est situé à Maadi, un quartier du Caire.

Une physiothérapeute MSF en séance avec un jeune patient de la clinique de Maadi. Égypte. 2018.
 © Sima Diab
Une physiothérapeute MSF en séance avec un jeune patient de la clinique de Maadi. Égypte. 2018. © Sima Diab

Une nouvelle vie

La plupart des migrants reçus dans le centre de Maadi sont dans l’attente d’une réponse pour leur demande d’asile en Égypte et ont l’impression de vivre “dans les limbes”. Ils se situent entre leur ancienne vie, qu’ils ont été forcés de quitter pour leur propre sécurité, et cette nouvelle vie qu’ils attendent sans qu’elle arrive. Une vie dans laquelle ils pourraient se sentir en sécurité et libre d’élever une famille, avoir un travail épanouissant. Le processus de demande d’asile peut en effet prendre des années avant d’aboutir.

Entre mars et juin 2018, Médecins Sans Frontières a traité plus de 1 700 personnes dans son centre de Maadi, originaires d’une dizaine de pays différents.

Une patiente de la clinique de Maadi en discussion avec un membre des équipes MSF et sa traductrice. Égypte. 2018.
 © Sima Diab
Une patiente de la clinique de Maadi en discussion avec un membre des équipes MSF et sa traductrice. Égypte. 2018. © Sima Diab

Des blessures incapacitantes

Certains de ces patients présentent des blessures ou des pathologies restées longtemps sans traitement, responsables de douleurs intenses et d’incapacités fonctionnelles qui peuvent les empêcher de travailler ou de prendre soin de leurs familles.

Une patiente de la clinique de Maadi. Égypte. 2018.
 © Sima Diab
Une patiente de la clinique de Maadi. Égypte. 2018. © Sima Diab

Ces personnes sont également affectées psychologiquement et la majorité des patients de la clinique présentent des symptômes de traumatismes : problème de sommeil, attaque de panique ou douleur chronique, dépression et anxiété, sentiment d’inutilité ou de désespoir. Ce dernier pouvant conduire des patients à envisager le suicide comme étant leur seule option pour arrêter leur souffrance.

Un patient de la clinique de Maadi. Égypte. 2018.
 © Sima Diab
Un patient de la clinique de Maadi. Égypte. 2018. © Sima Diab

« Je ne pouvais pas travailler à cause de mes blessures et je ne recevais d’assistance de personne. Je pensais souvent au suicide. Je me sentais seul, je souffrais et j’avais l’impression de n’avoir aucune prise sur ma vie. [...] Après 4 mois de soins de santé mentale et de physiothérapie, j’étais de nouveau capable de reprendre le contrôle. » Amadi*, un jeune Éthiopien suivi dans la clinique MSF de Maadi.

Des patients de la clinique de Maadi discutent dans la cour de l'établissement. Égypte. 2018.
 © Sima Diab
Des patients de la clinique de Maadi discutent dans la cour de l'établissement. Égypte. 2018. © Sima Diab

Une approche globale

Médecins Sans Frontières a mis en place une approche multidisciplinaire dans le centre de Maadi, afin d’offrir une prise en charge adaptée à ces personnes vulnérables.

Une patiente de la clinique de Maadi en discussion avec un membre des équipes MSF. Égypte. 2018.
 © Sima Diab
Une patiente de la clinique de Maadi en discussion avec un membre des équipes MSF. Égypte. 2018. © Sima Diab

Des psychologues et des psychiatres travaillent avec des médecins, des physiothérapeutes et des travailleurs sociaux, pour s’assurer que les pathologies de ces patients soient traitées aussi bien d’un point de vue physique que mental.

Un patient de la clinique de Maadi lors d'une séance de physiothérapie. Égypte. 2018.
 © Sima Diab
Un patient de la clinique de Maadi lors d'une séance de physiothérapie. Égypte. 2018. © Sima Diab

Les patients sont accompagnés par un groupe de promoteurs de santé et de médiateurs dans les différentes étapes de leur processus de reconstruction et notamment dans leurs démarches administratives.

Des travailleurs sociaux soutiennent également les patient et les aident, leur famille et eux, dans la recherche de solutions financières, en les dirigeant notamment vers des ONG locales.

Un patient de la clinique de Maadi. Égypte. 2018.
 © Sima Diab
Un patient de la clinique de Maadi. Égypte. 2018. © Sima Diab

« La psychologue s’asseyait à mes côtés et nous discutions de petits ajustements que je pourrais réaliser dans ma vie quotidienne. À chaque session, je ressentais une légère amélioration. Au début du traitement, j’étais pourtant effrayée à l’idée de parler de mon passé et je ne me sentais pas prête à évoquer ce qui m’était arrivé. » Faheema*, une jeune soudanaise suivie dans la clinique MSF de Maadi.

Prendre la famille en compte

Beaucoup des proches de ces patients essayent désespérément de leur venir en aide et souffrent également de cette situation. C’est particulièrement le cas des enfants, qui pensent être en devoir d’apaiser les douleurs de leurs parents.

Un patient de la clinique de Maadi. Égypte. 2018.
 © Sima Diab
Un patient de la clinique de Maadi. Égypte. 2018. © Sima Diab

Si l’impact de la prise en charge globale offerte par MSF sur leurs familles est moins visible au premier abord, il est toutefois réel et important.

Un jeune patient de la clinique de Maadi. Égypte. 2018.
 © Sima Diab
Un jeune patient de la clinique de Maadi. Égypte. 2018. © Sima Diab

Le traitement permet progressivement à ces patients de recouvrer leur indépendance, que ce soit par le simple fait de pouvoir mouvoir leur corps sans ressentir de douleur ou d’avoir le sentiment de reprendre le contrôle sur leur vie, et permet ainsi à la famille de reprendre espoir et d’affronter collectivement cette situation.

* Les prénoms des patients ont été modifiés pour préserver leur anonymat.

Notes

    À lire aussi