Ne reproduisons pas les erreurs du passé en optant à nouveau pour une logique d’isolement et de fermeture. Faisons en sorte que les EHPAD soient considérés comme des lieux de vie spécifiques, où la qualité de vie prime sur la simple survie.
Certains EHPAD, pendant les vagues précédentes, ont cherché à remettre de l’humain, de l’éthique et tout simplement du sens parmi des recommandations trop nombreuses et parfois contradictoires. Ils ont ouvert une voie, plus humaine et plus adaptée, démontrant que d’autres solutions existent : assurer la continuité des soins hors COVID-19 (kiné, santé mentale etc.), maintenir le contact avec l’extérieur, les visites et l’accès à l’information (TV, radio, autres), ou encore les moments d’échange entre les résidents. La présence d’un médecin coordonnateur doit être assurée pour garantir la continuité des soins et améliorer la prise en charge palliative et, si elle n’est pas possible, il faut encourager l’intervention de médecins traitants en EHPAD, imaginer un dispositif d’interventions rapides, avec des équipes de terrain, renforcer et pérenniser les hotlines gériatriques des hôpitaux et les renforts de l’HAD en soins infirmiers.
Enfin, remettons à l’ordre du jour le vote de la loi « Grand âge et autonomie », l’une des grandes promesses du gouvernement actuel. Notre étude rappelle que les EHPAD rencontrent des difficultés chroniques en termes de moyens humains (absence de médecin coordonnateur, rotations incessantes des équipes soignantes, personnel d’encadrement insuffisant) et matériels, auxquelles il est urgent d’apporter des solutions concrètes. La question du grand âge et de la fin de vie est un enjeu majeur pour notre société. L’humain doit être replacé au cœur de la gestion des EHPAD et du soin apporté aux personnes âgées. La crise des EHPAD n’est pas nouvelle ; la crise sanitaire n’a fait que la rendre plus criante.
Thomas Roederer, épidémiologiste à Epicentre
Morgane Dujmovic, chercheuse en sciences humaines et sociales
Tribune publiée le 20 décembre sur La Croix