Les affrontements sporadiques dans la région Somali se sont intensifiés depuis un an et demi. Les populations civiles sont exposées à une violence accrue. Et depuis plusieurs mois, la population subit en plus les conséquences d'une sécheresse sévère.
« Il s'agit de la pire sécheresse des 30 dernières années », explique un Éthiopien à notre équipe de Wardher, une ville de l'est de la région Somali, située au Nord-Est de l'Ethiopie.
Au cours des périodes de sécheresse, les bergers et cueilleurs nomades se rendent dans les villes pour trouver de quoi manger et boire, que ce soit par le biais de leur clan ou de l'aide humanitaire.
Cette population déjà fragilisée par le conflit de opposant les autorités éthiopiennes aux mouvements indépendantistes d'une part, et le manque de ressources d'autre part, a subi en plus cette année les conséquences de la sécheresse.
Cette année, ils sont particulièrement nombreux. Dans de telles circonstances, l'aide alimentaire et les soins nutritionnels apportés par des organisations humanitaires de façon indépendante et impartiale sont cruciaux.
Mais l'insécurité, les problèmes administratifs et logistiques ou les menaces ont conduit nombre d'acteurs humanitaires à cesser leurs activités dans la région Somali.
Troupeaux décimés. Dans les banlieues des villes comme Wardher, les camps abritent majoritairement des femmes et des enfants. Les hommes ont guidé le reste de leur troupeau vers les pâturages qu'ils ont pu trouver. Ils restent loin des villes pour éviter d'être considérés comme des combattants.
« Une telle sécheresse est terrible pour nous », affirme une vieille dame qui habite un des camps en bordure de Wardher.
« Nous avons perdu la plupart de nos animaux et maintenant nous n'avons plus rien à manger. De nos 40 chameaux, il ne nous en reste que 17. Sur 100 chèvres, nous n'en avons plus que 25. Or nos animaux et leur lait sont notre seule monnaie d'échange.»
Les troupeaux diminuent, les récoltes sont mauvaises et peu de denrées alimentaires sont importées dans cette région en conflit. Les transporteurs ont gonflé leurs tarifs, ce qui a provoqué une flambée des prix sur les marchés.
Aide alimentaire erratique. Les organismes humanitaires ont pu acheminer un peu de nourriture, mais les livraisons restent sporadiques et les rations atteignent rarement ceux qui en ont besoin. Récemment, MSF a pu distribuer de la nourriture à Wardher, mais il ne s'agit que d'une trêve dans la crise qui sévit.
MSF a vacciné contre la rougeole 1300 enfants âgés de moins de 5 ans et assure, avec la collaboration du ministère de la Santé, les premiers soins aux déplacés et aux résidents de Wardher et ses environs.
Une équipe circule dans les camps pour orienter vers les cliniques les enfants souffrant de malnutrition, les femmes enceintes et les personnes malades. Les admissions dans le programme nutritionnel de MSF ont augmenté au cours des derniers mois.