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France : les mineurs isolés étrangers du campement d’Ivry-sur-Seine doivent être mis à l’abri de toute urgence

Vue du campement « Liberté », installé à Ivry-sur-Seine. France. 2022.
Vue du campement « Liberté », installé à Ivry-sur-Seine. France. 2022. © MSF

Depuis cinq mois, à Ivry-sur-Seine dans la banlieue de Paris, près de 400 adolescents étrangers sont contraints de vivre dans un campement insalubre, surnommé « Liberté ». Alors que leur situation est indigne et extrêmement alarmante, aucune solution d’hébergement ne leur a été à ce jour proposée.

Depuis le 10 juin, le nombre de tentes n’a cessé d’augmenter sur ce site isolé en bordure du Val-de-Marne. Après avoir été évalués dans différents départements d’Ile-de-France, ces jeunes ont été déboutés de leur demande de reconnaissance de minorité et ont déposé un recours auprès du juge des enfants.

Pendant le recours, qui peut durer plusieurs mois, ils sont livrés à eux-mêmes et doivent survivre par leurs propres moyens. Certains dorment sur des cartons, sans couverture, entre deux tentes. « L’hiver approche et les conditions empirent. Plusieurs d’entre eux se plaignent de douleurs articulaires ou ont des symptômes d’infections respiratoires. Les cas de pneumonie et d’engelure risquent de se développer avec l’hiver qui arrive. », alerte Jocelyn Nothomb, médecin bénévole MSF.

Faute d’accès à l’eau et à l’hygiène, les conditions sanitaires qui étaient déjà terribles sur le campement se sont encore dégradées. L’absence de collecte de déchets et de toilettes en nombre suffisant crée des risques sanitaires considérables. Cette précarité est exacerbée par le manque d’accès à la nourriture. Sans pouvoir subvenir à leurs besoins fondamentaux, ces jeunes se retrouvent dans un état de dénuement extrême. Seules les associations ainsi que des bénévoles se sont mobilisés pour assurer la distribution de repas, répondre à leurs besoins quotidiens, fournir du matériel de première nécessité et une aide médicale.

 

Nour* est originaire d'Afghanistan. Il habite depuis plusieurs mois sur le campement « Liberté » et vient se restaurer quotidiennement dans le centre d’accueil de jour de MSF à Pantin. France. 2022.
 © Serena Colagrande
Nour* est originaire d'Afghanistan. Il habite depuis plusieurs mois sur le campement « Liberté » et vient se restaurer quotidiennement dans le centre d’accueil de jour de MSF à Pantin. France. 2022. © Serena Colagrande

« Ce campement est situé loin de toutes commodités et l’accès à la nourriture, aux soins, aux droits et à l’information sur ce campement est plus difficile que jamais. Les jeunes sont très tristes. Ils ne comprennent pas pourquoi ils sont dans cette situation, qui ne fait que se détériorer depuis désormais cinq mois », témoigne Fanny El Boury, assistante sociale MSF.

Nour*, jeune Afghan débouté de sa minorité, a fui les Talibans et vit sous une tente en attendant qu’il puisse retrouver sa sœur en Angleterre. Épuisé par des nuits sans sommeil, il se rend quotidiennement au centre d’accueil de jour de MSF à Pantin pour se reposer et manger un repas chaud. « Nous n’avons qu’un repas par jour. Lorsque quelqu’un nous apporte un sandwich, c’est la course pour la survie : ceux qui n’arrivent pas à en attraper un bout vont dormir le ventre vide. Je ne pensais pas qu’en France je souffrirais autant », explique-t-il.

Comme Nour, les jeunes de ce campement ont fait face à des situations de rupture ou de violence dans leur pays d’origine ou le long du parcours migratoire. Plusieurs sont passés par la route migratoire la plus dangereuse, celle de la Méditerranée centrale, et ont vécu l’enfer de la Libye. Après un parcours souvent traumatisant et violent, ils font face à la politique de non-accueil de la France, pourtant censée protéger les mineurs sur son territoire en vertu du principe de présomption de minorité, comme le prévoit la Convention internationale des droits de l’enfant, dont le pays est signataire.

L’équipe de Médecins Sans Frontières a déployé une clinique mobile pour évaluer l’état de santé de ces jeunes. Une assistante sociale informe les jeunes de leurs droits et les oriente vers des points d’accès aux services de base pour satisfaire à leurs besoins fondamentaux.

À ce jour, ni le département ni l’État ne sont intervenus pour une mise à l’abri ou pour apporter une aide concrète à ces jeunes. « Comment voulez-vous qu’on les soigne alors que ces jeunes dorment dans la rue ? », s’indigne Jocelyn Nothomb.

Notes

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